prédication « vous êtes une lettre »

Voici la prédication sur II Corinthiens 3 du 11 juin 2023.

II Corinthiens 3 Vous êtes une lettre

Prédication 

Lors de notre assemblée générale de cette année, ce sont les membres du conseil presbytéral qui ont animé la prédication à l’aide des images. Des images, qu’on peut trouver dans la Bible, des expressions pour aider à comprendre : qu’est ce qu’une église ?

Une église, cela peut se comparer à un corps, où chaque membre a sa place et sa mission spécifique pour l’ensemble du corps.

Une église, c’est comme un bâtiment en construction et rénovation. Un chantier jamais terminé.

Une église c’est comme un voyage en bateau, parfois c’est temps de tempête et parfois l’équipe rame et n’avance que difficilement.

Etc. etc.

Il y a avait une image dans le lot où il est question d’une lettre, des lettres. Et j’ai envie de revenir là-dessus aujourd’hui.

Avant de lire, prions :

Prière avant lecture biblique 

Seigneur,  de toute parole,

tu es la vérité, la solidité,

la consolation qu’elle apporte.

Mets en nous ton Esprit pour que ta Parole

devienne source de vie.

Mets en notre bouche des paroles

qui consolent et illuminent.     Amen

 

 

Lecture Biblique 

II Cor 3, 1 Cherchons-nous encore à nous recommander nous-mêmes ? Ou bien aurions-nous besoin, comme certains, de vous présenter des lettres de recommandation ou de vous en demander ? 2C’est vous-mêmes qui êtes notre lettre, écrite dans nos cœurs et que tout le monde peut connaître et lire. 3 Oui, il est clair que vous êtes une lettre écrite par le Christ et transmise par nous. Elle est écrite, non pas avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant ; elle est gravée, non pas sur des tablettes de pierre, mais dans des cœurs humains.

4 Nous parlons ainsi en raison de la confiance que nous avons en Dieu par le Christ. 5 Nous ne saurions prétendre accomplir une telle tâche grâce à notre capacité personnelle. Ce que nous sommes capables de faire vient de Dieu ; 6 c’est lui qui nous a rendus capables de nous mettre au service d’une alliance nouvelle, qui dépend non d’un texte écrit, mais de l’Esprit. Car ce qui est écrit mène à la mort, mais le souffle de l’Esprit mène à la vie.

« Vous êtes une lettre » écrit l’apôtre à la communauté de Corinthe. 

Et je veux bien méditer cet aspect avec vous ce matin.

 1.  Si vous êtes, si nous sommes, une lettre écrite, je suis désolée de le dire, nous sommes en voie de disparition.

On va faire un petit sondage.

  • Qui d’entre-vous écrit encore des lettres ? Levez la main.
  • Qui d’entre-vous reçoit encore des lettres ?  Levez la main
    • écrites à la main et sur papier, avec enveloppe et timbres …

Me concernant, ça a beaucoup diminué ces dernières années, dans les deux sens : écrire et recevoir.

J’ai encore deux amies qui résistent et écrivent des lettres ou cartes postales encore à la main. Et en plus, qui y pensent suffisamment en avance pour les poster à temps pour qu’elles arrivent au moment d’une fête ou d’un événement.

Et, quand je regarde la situation de l’église, cela donne parfois cette impression. On est un peu ringards, dans le regard des autres. Un élément qui a survécu, certes, mais qui vient d’une autre époque. Passer devant une église, c’est devenu un peu comme si on tombait sur une cabine téléphonique quelque part et qu’on devait expliquer aux enfants à quoi cela servait. Tu vois, là, que je me retrouvais là, quand je suis partie pour mes études, avec c’est un peu de monnaie soigneusement mise de côté et toujours la question : quand est ce que ça coupe, est ce que je rajoute encore un peu ? et si oui, pour combien de temps ?-

Et de même qu’on donne parfois une deuxième vie aux cabines téléphoniques, comme ici à Marly où c’est devenue boîte à livres, aujourd’hui, dans certaines églises on installe tout autre chose, des magasins, des restaurants, des salles d’expositions, etc.

J’espère et je suis très confiante que ce ne sera pas le cas pour ce temple.

Et je vais vous dire pourquoi :

« Vous êtes une lettre. »

Malgré tout, l’image me parle.

  • Car, même si cela heurte parfois ceux qui se demandent comment à notre époque on peut encore s’engager et participer à la vie de l’église,
  • car oui, parfois cela me frustre et me fatigue de devoir expliquer, pourquoi on peut être ancienne comme une église, et pour autant être moderne et à la hauteur des questions et besoins de notre époque,
  • j’aime bien aussi faire valoir, que, oui, on veut bien aussi jouer ce rôle consistant à heurter et à résister à un temps qui demande du changement toute suite et tout le temps,
  • et que je suis fière qu’on soit dans notre société cet îlot où nous ralentissons pour laisser du temps au silence, à l’écoute, aux questions, à la réflexion et à un discernement qui prend un peu plus de temps que cliquer vite fait un like ou non like (lever le pouce).

 

 

2. Parlons donc des aspects positifs et réjouissants d’être des lettres. 

2.1.  « Vous êtes une lettre. » c’est une expression de valeur. 

Pour l’époque de l’apôtre, écrire une lettre était réservé aux situations extraordinaires. C’était coûteux. C’était pour une raison importante qu’on voulait vraiment laisser une trace de quelque chose. Cela se rédigeait soigneusement et cela se transmettait délicatement. D’une main à une autre, transporté à pied, sur un cheval, par les navires, à travers des tempêtes, en espérant qu’elle arrivera encore lisible à bon port.

« Vous êtes une lettre », se place dans la ligne de toutes ces affirmations bibliques qui nous rappellent que nous avons de la valeur aux yeux de Dieu et qu’il prend soin de nous.

Le prophète Esaïe va l’exprimer à sa façon : je connais votre nom, dit Dieu, je ne vous lâche pas, ni dans le feu, ni dans la traversée des eaux, dans aucun des aléas de la vie. (Es 43)

Les psaumes vont dire que nous sommes gardés dans la paume de la main de Dieu. Etc

Nous sommes des personnes fragiles, comme des lettres, mais des lettres dont on prend soin là-haut, pour qu’on puisse vivre notre destination. Parce qu’on le vaut bien… comme le dit la pub. C’est une promesse.

 

2.2. « Vous êtes une lettre », cela souligne l’individualité de notre existence 

Pas une lettre comme une autre. Notre écriture est unique, notre expression est très personnelle, et encore plus l’histoire de la vie qu’on écrit.

L’apôtre souligne que notre lettre s’écrit en vérité dans notre cœur, dans notre plus grand intime, là où les humains ne voient pas toujours, mais Dieu oui (Livre de Samuel). Et l’apôtre ajoute, que c’est le Christ qui écrit avec nous. Notre histoire qui s’écrit peu souvent avec ses lignes droites, parfois avec une écriture peu lisible, avec des smileys et des couleurs, mais aussi avec ces moments de fatigues, de des-espoirs, d’erreurs et d’échecs, toute cette histoire s’écrit sous le regard bienveillant du Christ qui nous permet de recommencer et continuer à écrire.

Rien ne sera effacé, mais le dernier mot, dit Paul, ce sera ce mot d’amour et de pardon (Rom 8) sur tout ce qui est écrit.  C’est une consolation.

 

2.3.  Vous êtes une lettre, cela souligne une durée, une trace. 

Les mails se perdent, les posts sur Facebook, c’est pour un temps et puis instagram le dit par son nom, c’est une écriture juste pour un instant, pas plus. Les lettres cela se garde. Avec une ficelle autour, dans une boite, un peu de lavande ou de parfum pour les garder un peu plus. C’est pourquoi nous avons encore aujourd’hui les lettres de Paul ou de Jean, les correspondances des réformateurs, des philosophes ou d’autres personnalités… c‘est un héritage. Nous sommes tous un héritage. Nous mêmes, sommes de passage, nous allons partir, d’autres générations vont prendre la relève, aussi dans l’église, mais nous aurons laissé cette trace que d’autres peuvent suivre et continuer à leur façon. Ce n’est pas parce qu’une lettre prend fin, que l’histoire s’arrête. C’est juste que d’autres lettres seront écrites, et souvent inspirées par ce qui était écrit avant.

C’est peut être cela qui fait penser à d’autres que l’église serait ringarde. Car nous lisons encore avec intérêt les vieux livres, comme ceux dans la Bibles, ou alors cette longue histoire de l’église avec toutes ses traditions et que nous valorisons ce que d’autres avaient dit et pensé avant nous.

Alors comment faire comprendre que ce qui est vieux, n’est pas forcément dépassé ?  Moi, ces vieux textes m’aident à me décentrer de moi, et de ce que dit ou pense tout le monde, et souvent je suis touchée de voir à quel point les personnes qui ont vécu longtemps avant moi partagent un vécu commun avec moi. Merci pour que les auteurs et écrivaines des psaumes aient laissé une trace pour que je puisse me servir de leurs mots pour exprimer ma colère, ma tristesse ou ma joie. Heureusement que Paul a écrit sur tous les difficultés pour maintenir une communauté communauté, sinon j’aurais pensé qu’autrefois tout allait au mieux. Heureusement qu’il y avait Matthieu, Marc, Luc et Jean pour me transmettre ce qu’ils avaient entendu dire sur Jésus de Nazareth. Grâce à eux, il est encore vivant et source d’inspiration pour moi aujourd’hui. Il est le  garant d’une continuité, qui permet d’évoluer à notre rythme.

 

2.4. Vous êtes une lettre, écrite par le Souffle de l’Esprit 

Là où souffle l’Esprit, cela reste vivant et cela dépoussière sans cesse. « Car ce qui est écrit mène à la mort, mais le souffle de l’Esprit mène à la vie. » conclu notre passage.

Écrit, pas dans le marbre, mais dans la biographie des individus avec leurs charismes et leur dons reçus de l’Esprit. C’est cela qui garde l’église vivante.

Je suis contente de pouvoir œuvrer pour une si vielle entreprise qu’est l’église, qui, tout de même, se renouvelle et se réforme sans cesse, grâce à ses membres.

Ici, à Marly, par exemple, je n’ai jamais entendu :

  • ici on a toujours fait ainsi

ou

  • on ne touche pas à ceci ou cela

Ici, à Marly, c’est : que pouvons nous faire, allons-y, tentons !

Exemple :

  • Avec le groupe ACAT on se désolait parfois du peu du monde qui assistait à une célébration œcuménique organisée par le groupe. Mais on peut en rester là ou alors se poser la question : comment faire autrement. Et, depuis que le groupe invite régulièrement au cinéma et aux débats qui suivent, on touche un public beaucoup plus large et un grand public qui s’intéresse aux droits humains et à la justice rétablie.
  • Nous avons vécu comme tout le monde la période de pandémie et nous avons su nous adapter. Toujours à la recherche : qu’est ce que l’essentiel ? Et l’essentiel n’est pas faire perdurer des événements mais être proches les uns des autres.  Nous avons gardé le contact par téléphone et par lettre. La première chose qui a eu lieu après de déconfinement, ce n’étaient pas les célébrations, mais des groupes de paroles dans le jardin pour être à l’écoute mutuellement.
  • L’Entraide avec d’autres associations a mené des projets à bouts de bras, et, trois fois, nous avons invité (seuls ou avec d’autres) au théâtre Jean Vilar pour des pièces de théâtres, des lectures, et puis le concert… afin de toucher plus de monde sur des sujets qui nous préoccupent.
  • Jeunes et vieux se réjouissent ensemble. Il y a des places et de l’attention pour les jeunes générations dans nos cultes KT Fête, l’accueil lors des cultes, la participation musicale ou autre… eux aussi sont des lettres vivantes et ils ont quelque chose à nous dire.

Je pourrais continuer encore longuement, mais ce que je veux dire derrière tous ces exemples, c’est qu’il y a des personnes qui se donnent, qui donnent de leur temps et de leur savoir-faire, et qui donnent par L’esprit qui souffle avec une ouverture d’esprit pour se dire : qui ne tente rien, n’a rien.

C’est ainsi que nous sommes tous et toutes des lettres vivantes.  C’est une espérance. C’est enthousiasmant.

Qui n’a pas hâte de courir à la boite à lettre pour voir si une nouvelle lettre est arrivée.

Dans un monde où tout va vite,

où si souvent on prononce trop de mots pour ne rien dire,

dans ce monde, vous êtes des lettres,

des lettres que les gens attendent avec impatience et avec intérêt.

Vous êtes des lettres non écrites avec l’encre mais avec l’Esprit Saint.

Qu’il vous inspire,

qu’il vous porte vers les autres,

qu’il vous fasse continuer à écrire votre lettre commune de l’église sans jamais y mettre un point final.

Amen

 

Christina Weinhold , juin 2023

              

 

Contact