Culte du 07 mars 2021

d’après  « Dieu et ses filles – une célébration des talents de femmes oubliées »

in « Wild Goose Resource Group – Liturgy Booklet no.11» « GOD AND HER GIRLS, a celebration of the giftedness of forgotten women » – 2010, Iona Community  trad. Armi Helena Hildén

 

Bienvenue et introduction

 

Notre chant d’ouverture, le Magnificat, ou le Cantique de Marie, donne le thème de notre célébration d’aujourd’hui :  Nous penserons ce matin à la place et au dessein que Dieu réserve aux femmes dans son cœur. Prions :

Homme et femme, Dieu nous a créés, chacun et chacune à son image. Dieu a créé Adam, et Dieu a créé Eve, Marthe et Marie, Simon et André, Mère Theresa de Calcutta et Grégoire le Grand, Marie et Jospeh,  Jacqueline et Jacques,  homme et femme, Dieu nous a créés, chacun et chacune à son image.   Dieu a créé Salomon qui a épousé 700 femmes, et Dieu a créé Esther qui a sauvé autant de vies, la femme au puits, et son concubin à la maison, le collecteur d’impôt au Temple qui silencieusement récite ses prières, homme et femme, Dieu nous a créés, chacun et chacune à son image.   Dieu a créé le visage que reflète un miroir, et Dieu a créé la personne qui se cache sous son vêtement, le masculin et le féminin en chacun et chacune de nous, les ombres et les passions que seul Dieu peut voir : homme et femme, Dieu nous a créés, chacun et chacune à son image.

 

Chant :   14 / 03 , 1.2.3.4.  Magnifique est le Seigneur 

 

Prière de Louange

Dieu Créateur, tu nous as donné un corps. Tu nous as formés en chair et en os, avec des formes – comme avec des voix –  intentionnellement différents !   Notre corps est notre maison  que jamais nous ne pouvons quitter, et même si notre cœur nous mène vers le Ciel et nos pensées vers les enfers, notre âme est ancrée à la chair et au sang. Tu nous as donné un corps.   Tu nous as donné un corps. Nous sommes ton corps qui nous réunit à d’autres gens, à d’autres endroits, à des passions et à des potentialités qui ne sont pas les nôtres.   Tu nous réunis dans toute notre diversité :  avec les sans-abris orthodoxes en Ethiopie,  avec l’intelligentsia catholique à Rome, avec les pentecôtistes souffrant de la famine au Zimbabwe et les charismatiques exaltés en Brésil, avec les baptistes radicaux au Salvador  et les chrétiens druzes au Liban, et avec les veuves et les orphelins que Jésus aime et avec les collecteurs d’impôts et les prostituées chez qui Jésus entre, partout dans le monde.   en silence nous te soumettons des croyants d’autres églises tellement différents de nous à qui nous devons penser aujourd’hui    – pause –    A nous tous, tu nous as donné un corps. Tu es les entrailles d’où tout est sorti. Tu es la vie dont tout dépend. Tu es la Parole incarné en Jésus.   C’est pourquoi nous avons confiance en toi. C’est pourquoi nous faisons « corps », ensemble nous sommes l’église.  C’est pourquoi nous te louons.   Amen.

 

La Bible parle de Dieu à notre image, comme homme et femme on parle de Dieu. 

 

Oui, comme les yeux d’une servante vers la main de sa maîtresse, ainsi nos yeux sont levés vers toi, notre Dieu. (Ps 123,2)   Tu dresses une table… Devant moi tu dresses une table, face à mes adversaires. (Ps 23,5)   N’est-ce pas la sagesse qui appelle ? et l’intelligence qui donne de la voix ? A la croisée des chemins, elle se dresse. (Pr 8,1)   La femme oublie-t-elle son nourrisson, oublie-t-elle de montrer sa tendresse à l’enfant de sa chair ? Même si celles-là oubliaient, Moi, je ne t’oublierai pas ! (Es 49,15)   Est-ce que moi j’ouvrirais passage à la vie pour ne pas faire enfanter ? – dit le Seigneur. Est-ce que moi, qui fais enfanter, j’imposerai à la vie une contrainte ? – dit ton Dieu. (Es 66,9)   Il en ira comme d’un homme que sa mère réconforte, ainsi, je vous réconforterai. (Es 66,13)   Que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes. (Lc 13,34b)

Prière de repentance

Mon Dieu, comment parler de toi ? 

Tu nous échappes. Tu es plus grands que nos mots peuvent l’exprimer. 

Dans notre façon de parler de toi, se révèle souvent notre façons de nous faire une image de toi. 

Et souvent c’est l’image d’un Dieu masculin et fort, 

le juge sans pitié, 

le guerrier sans peur. 

Pardonnes nous si notre imagination ne peut pas voir ce que des croyants longtemps avant nous étaient capables de voir et de dire : 

Que tu as ce côté bienveillant et fidèle, 

ce côté affectif et doux. Ce côté à tort ou à raison attribué aux femmes. 

Pardonnes-nous quand nous avons voulu te caser et réduire à un seul aspect. 

Permets nous de découvrir toute la diversité de ce que tu peux être. Amen 

 

Pardon 

Ecoutons ces paroles, pleines de confiance, exprimée par le psaume 36 

qui nous rappellent la grâce et le pardon de Dieu : 

 

Psaume 36, 6 Seigneur, ta bonté est immense, comme les cieux,

ta fidélité monte jusqu’aux nuages.

7Ta justice va aussi haut que les plus hautes montagnes ;

tes décisions sont profondes comme l’abîme.

Seigneur, tu viens au secours des êtres humains et des bêtes.

8Mon Dieu, ta bonté est si précieuse !

Les humains cherchent refuge sous tes ailes.

9Tu les combles des richesses de ta maison,

tu les fais boire au fleuve de tes délices.

10C’est auprès de toi qu’est la source de la vie,

c’est ta lumière qui éclaire notre vie !

 

En guise de confession de foi, souvenons nous de ces femmes et de tous dont elles nous rendent témoignage : 

 

Magnificat anima mea Dominum – deux fois

et mise de fleur pour chaque femme sur la table de communion 

 

Souvenons-nous de Sarah qui, malgré son âge et la jalousie qui l’a blessée, nous a montré que, pour Dieu, l’âge n’était pas un obstacle pour Le suivre complètement.

Souvenons-nous de Déborah, prophétesse et juge en Israël  qui a célébré par ses chants comment la victoire de Dieu peut être accomplie par la main d’une femme.

Souvenons-nous de la fille de Jephté, sacrifiée par son propre père, qui symbolise pour toujours le coût du fanatisme religieux.

Souvenons-nous d’Anne, la mère de Samuel, accusée d’ivresse par un prêtre, mais qui néanmoins a rendu au Seigneur l’enfant qu’elle avait tant attendu.

Souvenons-nous d’Esther, qui a refusé le rôle d’une simple figure décorative et qui, par sa ruse, a évité le génocide de son peuple.

Souvenons-nous de Susanne, qui a refusé d’être l’objet de convoitise de deux vieillards séducteurs et qui a clamé son innocence devant les hommes qui voulaient la condamner.

Souvenons-nous d’Anne, la prophétesse, qui a vécu dans l’espoir que Dieu tienne sa parole et qui, dans sa huitante-cinquième année, a vu la Parole devenir chair en Jésus.

Souvenons-nous de la femme qui a lavé les pieds  de Jésus avec ses larmes, Jésus a vu en elle cet immense amour que peu d’hommes lui avait manifesté.

Souvenons-nous de la femme au puits, devenue la première évangéliste, qui a ramené tous ses voisins vers Jésus pour qu’ils puissent croire par eux-mêmes.

Souvenons-nous de Marthe, maîtresse de maison, réprimandée par Jésus pour son activisme, mais qui a néanmoins gardé la foi là, où sa sœur plus pieuse, a douté.

Souvenons-nous de la femme de Pilate, convaincue de l’innocence de Jésus, elle a essayé d’empêcher sa mort.

Souvenons-nous de Marie, qui a chanté sa joie et la justice de Dieu.

Chant « Magnificat »
Magnificat anima mea Dominum – chanté deux fois pour terminer

 

Lecture  II Samuel 21 

1Pendant le règne de David, il y eut une famine qui dura trois années. David consulta le Seigneur, qui lui répondit : « Cela arrive à cause des meurtres que Saül et les siens ont commis, lorsque Saül a fait mourir les Gabaonites. »

2Le roi convoqua les Gabaonites pour leur parler. Ceux-ci n’étaient pas des Israélites, mais des survivants des Amorites, à qui les Israélites avaient promis la vie sauve ; cependant Saül, dans son zèle pour Israël et Juda, avait cherché à les exterminer. 3David leur demanda : « Que dois-je faire pour vous ? Comment réparer le mal que vous avez subi, afin que vous bénissiez le peuple du Seigneur ? » 4Les Gabaonites répondirent : « Notre différend avec Saül et sa famille ne peut pas se régler avec de l’argent ou de l’or, ni en mettant à mort un Israélite. » – « Alors dites-moi ce que vous désirez, reprit David. Je vous l’accorderai ! » 5Les Gabaonites lui dirent : « Saül avait l’intention d’en finir avec nous, de nous exterminer, de ne laisser subsister aucun de nous dans tout le territoire d’Israël. 6Livrez-nous sept hommes parmi ses descendants, et nous les pendrons en présence du Seigneur, à Guibéa, la ville où résidait Saül, le roi choisi par le Seigneur. » – « Je vous les livrerai », déclara le roi.

7David épargna Mefibochète, fils de Jonatan et petit-fils de Saül, à cause du pacte d’amitié qu’il avait conclu avec Jonatan, au nom du Seigneur. 8Mais il fit chercher Armoni et Mefibocheth, les deux fils que Rispa, fille d’Aya, avait donnés à Saül, et les cinq fils que Mikal, fille de Saül, avait donnés à Adriel, fils de Barzillaï, d’Abel-Mehola. 9Il les livra aux Gabaonites qui les pendirent sur une colline, devant le Seigneur. Tous les sept succombèrent ensemble. Cette exécution eut lieu dans les tout premiers jours de la moisson de l’orge.

10 Rispa, veuve de Saül, prit l’étoffe grossière qu’elle portait, l’étendit sur le rocher, et demeura là depuis le début de la moisson, jusqu’au moment où il se mit à pleuvoir sur les corps. De jour, elle empêchait les oiseaux de se poser sur eux, et de nuit, elle éloignait les bêtes sauvages. 11On informa David de ce qu’avait fait Rispa. 12Alors il alla reprendre les ossements de Saül et de son fils Jonatan aux habitants de Yabech, en Galaad. En effet, après avoir vaincu Saül à Guilboa, les Philistins avaient pendu les corps de Saül et de Jonatan sur l’esplanade de Beth-Chéan, où les gens de Yabech étaient venus les dérober. 13David emporta de Yabech les ossements de Saül et de Jonatan. Puis on rassembla les ossements des sept pendus 14et on les déposa, avec ceux de Saül et de Jonatan, dans le tombeau de Quich, père de Saül, à Séla, dans le territoire de Benjamin.

Après qu’on eut exécuté tous les ordres du roi, Dieu se montra propice au pays.

 

Prédication : 

1. Introduction 

Ce passage du Livre de Samuel est proposé par les mêmes personnes qui avaient écrit les liturgies pour cette célébration. Ce texte fait écho à ce sur quoi nous avons médité il y a une semaine : Abraham était prêt à sacrifier son fils. Mais Dieu est intervenu pour rompre cette logique : Stop sacrifices ! Stop la violence ! 

Abraham a dû apprendre que la foi ne demande pas une obéissance aveugle, mais un apprentissage à faire confiance, confiance aussi pour lâcher prise. Les temps changent, la descendance prend la relève, fait son chemin avec Dieu, autrement, mais toujours bénie et accompagnée par ce Dieu, prêt à ouvrir de nouveaux chemins avec une autre génération. 

Avec la lecture d’aujourd’hui, nous voyons que la descendance bénie par Dieu, accompagnée par Dieu, ne se dispense pas de faire les mêmes erreurs que les ancêtres. Des générations après Abraham, des hommes sont toujours dans une logique de sacrifice, dans une logique d’effacer le sang des uns par le sang des autres. Demander réparation plutôt que réconciliation. Demander vengeance plutôt que voir comment construire ensemble un avenir. Prêts aussi à voir dans tout ce qui arrive la volonté de Dieu en œuvre. 

 

II.  Quand des hommes restent dans une logique humaine 

II Samuel 21,1 Pendant le règne de David, il y eut une famine qui dura trois années. David consulta le Seigneur, qui lui répondit : « Cela arrive à cause des meurtres que Saül et les siens ont commis, lorsque Saül a fait mourir les Gabaonites. »

C’est vrai que c’est un thème qui revient souvent dans le Premier Testament, ce rappel que nos actes ont des conséquences, même encore des années ou des générations plus tard. Ce n’est pas pour punir, mais pour montrer les conséquences de notre comportement. Nos actes peuvent se retourner contre nous. Pour notre époque aujourd’hui par exemple, on pourrait dire que l’exploitations des richesses et des ressources de la terre nous les payons aujourd’hui, avec le changement climatique et ses conséquences. Nos actes ont des conséquences. 

Mais la suite de ce passage du Livre de Samuel décrit comment des hommes réfléchissent pour s’en sortir et pour dépasser cette relation entre la cause et ses retombées. Mais cette réflexion reste humaine à 100 %et pas du tout inspirée par Dieu. Ces hommes s’assoient et réfléchissent ensemble : Que pouvons nous faire face à l’erreur commise dans le passé ? 

Et après réflexion, débat et calcul , voici le verdict qui tombe : 

Il faut des morts ! Il faut des sacrifices ! 

Certes, 7 hommes côté Israël, contre des milliers tués côté des gabaonites, cela prouve que nous sommes déjà sur une piste de réduction de la violence commise à la base. Mais nous sommes encore loin de la Paix, et nous sommes encore en plein calcul humain. Ce n’est pas Dieu qui demande ces morts. Mais ces hommes semblent avoir oublié ce qu’Abraham a appris des générations avant eux. Stop violence ! Stop sacrifices ! 

Ces hommes  ne savent pas faire mieux que de demander une réparation sanglante. 

Et, cerise sur le gâteau, ces hommes profitent en passage à des petits règlements de comptes : 

Ne demander que 7 hommes, c’est presque généreux de la part des Gabaonites, 

mais demander explicitement des hommes de la descendance de Saül, ça pique. Ce sont des princes qui doivent laisser leur vie, pas n’importe qui. La dynastie est mise en danger. Ils s’attaquent au centre du pouvoir. 

Et David, ne fait pas n’importe quel choix, non plus. Parmi les sept hommes à sacrifier, cinq (!) sont des fils de Mikal, ex épouse de David (une histoire compliquée ce couple), et « généreusement » il offre les 5 fils que son « ex » a eu avec un autre époux… un époux que Mikal n’avait pas désiré mais qu’on l’avait forcée à épouser. Et David se débarrasse à l’occasion de la descendance de son concurrent. 

C’est le comble de cette narration : tout cela n’est pas seulement cruel en soi, mais les acteurs en profitent pour leur petite vengeance personelle. 

Pourquoi une telle histoire dans notre Bible ? 

Pourquoi en faire un texte à prêcher ? 

Parce que ces textes sont des miroirs de ce dont nous sommes capables, nous tous, hommes et femmes. À quel point nous pouvons échouer dans notre façon de penser et d’agir. C’est quand on le voit chez les autres, que nous nous en rendons compte plus facilement. 

III. Comment sortir d’un passé fautif ? 

Comment surmonter une histoire qui a laissé des blessures, qui a fait tant de mal… comment faire ? Sommes-nous plus armés que les hommes de cette histoire pour nous en sortir avec de meilleurs résultats ? Des solutions moins sanglantes, moins agressives ? 

Des méthodes pour briser le circuit vicieux existent ; 

Mardi dernier, au cours de sa conférence, Anne-Laure Danet nous a rappelé une méthode expérimentée dans différents contextes, aussi dans le rapprochement entre différentes églises : 

Guérir d’une histoire douloureuse. 

La méthode consiste à mettre les différents partenaires d’une histoire douloureuse ensemble à la même table : 

dans notre cas, Isarélites et Gabaonites.

Prenons des exemples de notre époque : 

au Rwanda, Hutus et Tutsis ont eu recours à cette méthode pour se réconcilier après les guerres ; 

ou 

en Afrique du Sud,  les partisans et les adversaires de l’apartheid ; 

ou  encore,

dans l’exemple de la conférence d’Anne Laure Danet, luthériens et mennonites pour dépasser les différences datant de la Réforme. 

Ensemble, les différentes parties sont invitées à raconter le récit de leur vécu. En cherchant à décrire, ils s’expriment, ils s’écoutent, peuvent éventuellement mieux se comprendre, ont l’occasion de prendre du recul, de s’excuser, de demander pardon, etc. 

Une fois que le récit est écrit, une trace du passé est présente, qui permet de tourner la page. La guérison se fait à travers les paroles et non par des actes qui demandent une réparation. Il faut du temps pour que les blessures puissent cicatriser. C’est le point de départ pour se tourner vers un avenir. 

 

IV.  l’exemple des femmes 

Il se trouve, que, pas toujours, mais souvent, dans l’histoire humaine, 

ce sont des femmes qui ont apaisé, qui ont tenté de sortir d’une logique de la violence et qui ont fait en sorte d’investir dans un changement. 

Riçpa n’accepte pas la logique que les hommes au pouvoir ont décidé. 

Elle reste proche des victimes (pas uniquement de ses propres  fils, mais aussi des fils de Mikal).  Elle les expose, elle les protège pour garder la mémoire. Elle laisse une trace. Elle redonne dignité aux hommes sacrifiés pour des calculs de pouvoirs. Elle donne des noms et des visages sur les chiffres de victimes. Même sans pancartes, sa manifestation parle de soi : 

« Vous pensez que les choses seront réglées à travers ces morts ? 

Non, rien n’est réglé. À l’injustice et à la violence commises dans le temps, vous en avez juste ajouté une autre. Je veux que tout le monde puisse voir ce scandale. Je veux que tout le monde pleure avec moi et que tout le monde s’interroge : que voulons nous faire pour l’avenir ? pour éviter d’autres morts ? »  

Riçpa est celle qui ose mettre sous les yeux de tout le monde ce que d’autres auraient préféré classer ou mettre sous le tapis de l’histoire. 

Elle ne restera pas seule : 

je pense aux femmes qui sont venues assister à la crucifixion de Jésus et qui sont venues pour prendre soin de lui après sa mort, au cimetière de Jérusalem il y a presque 2000 ans. 

Mais je pense aussi que 

• Riçpa a précédé de quelques milliers d’années les mères des hommes disparus en Argentine et qui protestent publiquement au Placa de Mayo/ place de mai  à Buenos Aires (1977 et les années suivantes), parce que leurs maris et leurs fils avaient été kidnappés ou tués par le gouvernement. Elles ne voulaient pas qu’ils soient oubliés. Elles réclamaient une enquête. 
• Riçpa a précédée de quelques milliers d’années l’action de la communauté des Femmes en noir d’Israël et de Palestine, qui manifestent encore aujourd’hui contre la guerre et les violences.
• Riçpa a précédée de quelques milliers d’années l’action des femmes au Rwanda et en Bosnie, qui protestaient contre le recours au viol comme arme de guerre pendant les génocides dans ces deux pays.
• Riçpa a précédée de quelques milliers d’années le mouvement des Black Sash (écharpe noire), en Afrique du Sud, qui manifestait contre l’apartheid et l’usage de la violence à l’encontre des personnes de couleur noire.

(Le conseil œcuménique des églises se solidarise avec toutes ces actions et mouvements de femmes par une action qui s’appelle : Les jeudis en noir. https://www.oikoumene.org/fr/what-we-do/thursdays-in-black) 

 

V. Des exemples à suivre, femmes et hommes 

Comment guérir de notre passé ? 

Comment dépasser les erreurs que nous avons  commises, 

pas uniquement individuellement, mais aussi d’une façon collective ? 

C’est une question pertinente. 

Heureusement que nous avons des femmes comme Riçpa et que nous avons des hommes qui osent mettre l’injustice devant les yeux de tout le monde pour chercher une autre issue à la violence plutôt que de répondre par une autre type de violence. Je ne crois pas aux stéréotypes des femmes toujours apaisantes et bonnes et aux hommes toujours agressifs et prêts à faire face à une violence après l’autre. 

Mais je pense que l’histoire, et aussi celle de la Bible, est souvent écrite du point de vue des hommes et d’une logique attribuée à tort ou à raison aux hommes. Une logique de sacrifices nécessaires, une logique de pouvoir et de puissance, etc.

De temps en temps, se mettre explicitement à la recherche de traces de femmes, comme nous l’avons fait aujourd’hui, veut tout simplement mettre en évidence que d’autres logiques existent, que d’autres témoignages dans la Bible existent et peuvent nous inspirer, femmes et hommes. 

Quelles seraient les causes pour lesquelles vous voudriez bien vous investir, les rendre publiques , les déposer sur le rocher et veiller là-dessus au lieu de les oublier ? 

Guérir d’une mémoire collective douloureuse ?

Pour moi, je vois par exemple, l’urgence d’écrire ensemble l’histoire d’un traumatisme que nous partageons en France : les morts des attentats des dernières années : 

Toulouse – Paris – Nice, Nice encore 

Comment voulons nous guérir de cela ? 

Je me rends compte que c’est un vrai traumatisme collectif qui n’a pas encore trouvé son issue, 

que des désirs de vengeance pour faire payer un groupe, n’importe lequel, vagabondent bien dans notre société. 

Comment guérir de cela ensemble sans tomber dans des pièges d’une autre violence ? Qui seraient les partenaires à mettre à la même table ? Le problème commence là. 

C’est ainsi que , malheureusement, ma prédication ne se termine pas sur une solution ou une super bonne nouvelle, mais avec un encouragement apporté par des femmes et des hommes qui nous ont précédés dans la foi pour nous dire que, grâce à Dieu, nous pouvons faire face ensemble à nos blessures et à nos erreurs, essayer de les surmonter, sans sacrifier de nouveau des personnes.  Amen 

 

Chant :   48 / 04, 1.2.3.  Seigneur, mon Dieu, je crie vers toi … (page 762) 

Prière d’Intercession 

 

Prions  Merci, Dieu de Miséricorde, dans ton immense bienveillance tu as créé la diversité de races, de genres, d’apparence et d’intellect, selon ton dessein.   Merci pour le caractère unique de chacun de nous, parfois source de frustration, mais qui peut devenir aussi une bénédiction pour nous, si seulement nous reconnaissions que  nous sommes tous faits à ton image.   Nous voulons te dire merci spécialement pour les femmes qui nous ont maternés, accompagnés, encouragés, et pour les hommes qui n’ont pas eu peur de montrer leur tendresse et attention aux autres, à l’image de Jésus.   Et là où les femmes encore aujourd’hui sont abusées par des hommes faibles mais avide de pouvoir, ou par des hommes forts qui se sentent menacés, puisse le ciel et la terre s’unir pour faire cesser une telle tyrannie.   Et là où les femmes aujourd’hui ressentent ou redoutent que leur potentiel serait empêché de s’épanouir, montre-leur la terre fertile qui leur permettra de produire de bons fruits.   Dans tes bras paternels, enlace-nous. Avec ta délicatesse maternelle, guide-nous.   Tu es notre Dieu, Sauveur, Fiancé et Amoureux, aide-nous à nous voir comme toi, tu nous vois, créatures complexes néanmoins destinées, à travers le Christ,  pour la gloire.

Prions maintenant dans notre langue maternelle la prière que Jésus a dite dans la sienne :   Notre Père qui es aux cieux  (…)   Amen

 

Clôture

En Christ, il n’y a ni homme ni femme, ni maître ni serviteur, ni esclave ni homme libre : en Jésus-Christ, nous sommes tous un.   En Christ, il n’y a ni droite ni gauche, ni conservateurs ni libéraux, ni féministes ni fondamentalistes : En Jésus-Christ, nous sommes tous sauvés.   En Christ, il n’y a ni ombre ni crépuscule, ni de vérité partielle ni de lumière déclinante, ni de ferveur à moitié ou de justice incomplète : En Jésus-Christ, tout est proclamé.

Bénédiction 

Que le Seigneur

Aimant comme une mère et un père

Te bénisse.

Qu’il fasse que ta vie prospère,   

que ton espérance grandisse,

que tes fruits mûrissent.

Que le Seigneur te garde.

Qu’il t’entoure quand tu as peur,   

qu’il se présente à toi quand tu es dans la détresse

Que le Seigneur fasse briller son visage au-dessus de toi.

Tout comme un regard tendre te réchauffe le cœur,   

qu’il t’aide à surmonter ce qu’il y a de figé en toi.

Qu’Il t’accorde sa grâce.

Quand le poids de la faute t’oppresse, 

qu’il t’aide à reprendre haleine et à retrouver la liberté.

Que le Seigneur lève sa face vers toi!

Et qu’il voit ta peine, te console et te guérisse. 

Qu’Il te donne sa Paix.

Le bien-être de ton corps, le salut de ton âme et l’avenir pour tes enfants. 

Amen!  

 

Chant :  Schalom, Schalom