culte du 28 février 2021

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Proclamation de la Grâce de Dieu

Nous voici rassemblés, 

que s’installe en nous le silence, que tout en nous se mette à l’écoute, 

que l Esprit souffle et nous apporte le message dont nous avons besoin aujourd’hui.

Et que nous puissions déposer ce qui nous pèse et ce qui nous paralyse. 

Seigneur, 

nous voici réunis en ton nom, 

fais-nous découvrir ta présence. Amen 

 

Louange 

Dieu notre Père, aux jours de désert intérieur, 

lorsque les mots sonnent creux et que tout manque de relief, 

quand notre cœur nous accuse..

Toi, Seigneur, Tu Nous Enracines Dans Un Souffle Neuf !

Merci!

Aux jours de lassitude, où nous sommes épuisés 

par ce que nous vivons et, plus encore, par ce que nous ne vivons pas, 

quand notre cœur nous accuse… 

Toi, Seigneur, Tu Nous Enracines Dans Un Souffle Neuf !

Merci! 

Aux jours de solitude, lorsque le chemin vers les autres semble interminable ou barré, quand notre cœur nous accuse… 

Toi, Seigneur, Tu Nous Enracines Dans Un Souffle Neuf !

Merci! 

Aux jours de maladie, 

lorsque notre corps se dérobe et que nous nous demandons pourquoi, 

quand notre cœur nous accuse… 

Toi, Seigneur, Tu Nous Enracines Dans Un Souffle Neuf !

Merci!

Aux jours de désespérance, 

lorsque, doutant de toi et de nous-mêmes, nous retrouvons nos vieilles ornières, 

quand notre cœur nous accuse… 

Toi, Seigneur, Tu Nous Enracines Dans Un Souffle Neuf !

Merci!

Aux jours de passage,

lorsque la peur et l’angoisse de l’inconnu nous tiraillent,

Toi, Seigneur, Tu Nous Enracines Dans Un Souffle Neuf !

Merci!

Dieu plus grand que notre cœur, emmène-nous sur les ailes de ta tendresse ! 

Il est temps de respirer plus large, au rythme de ton Souffle!

Avec toi, cela nous semble possible et nous te disons : Merci ! Amen 

(D’après Traces Vives)

 

Chant indiqué :   12 / 12 , 1.2.3.  Notre Dieu est délivrance (page 186) 

Refrain : Notre Dieu est délivrance! Il se lève, il nous sauve. Il est le Dieu de notre histoire, Que les peuples lui rendent gloire! 

1. Souviens toi toujours, peuple de Seigneur: le jour où ton Dieu s’est levé, tous ses ennemis ont fui devant lui comme fumée s’envole au vent. Il t’a délivré du pays d’Egypte, des chaines des tes esclavages; il t’a fait passer à travers la mer, puis il t’a nourri au désert. 
2. Il a rassemblé tous les dispersés; il fit rentrer les déportés; il a délivré tous les enchainés il nous a redonné la paix. Il rabaisse à terre riches et puissants; l humble du coeur, il le relève, garde l’orphelin, soutient l’étranger, remet debout les accablés. 
3. Peuples de la terre, louez le Seigneur, car il nous juge avec justice. Au fil de l’histoire, guide de nations, il les conduit avec droiture. Tous les continents que Dieu a créés un jour viendront lui rendre gloire; les peuples lointains, en battant des mains, l’acclameront tous dans la joie. 

Volonté de Dieu 

Il y a des milliers d’années avant nous quelqu’un priait : 

Psaume 39 , 

5 SEIGNEUR, apprends-moi le moment où ma vie va finir,

oui, fais-moi connaître le temps qui me reste.

Ainsi, je saurai combien je suis peu de chose.

6 La largeur d’une main, voilà le temps de ma vie.

Devant toi, elle ne dure presque pas.

Même si l’homme est bien vivant, il n’est qu’un souffle.

 

Des milliers d’années entre cette prière et nous, peu de choses ont changé : nous souhaitons connaître le temps qui nous reste mais Dieu reste muet. Le matin il nous demande de nous lever avec lui et d’affronter la vie, et le soir, avant de fermer les yeux, de méditer notre finitude et d’espérer un lendemain. 

 

Prions, confions-nous à lui. 

 

Prière de Repentance 

Seigneur, 

nous voici devant toi avec nos vies si fragiles. 

Dès notre premier souffle, 

notre vie est menacée : 

menacée par la mort, 

menacée par la souffrance, 

menacée par le manque de sens. 

Tu nous demandes de la voir comme un cadeau précieux : 

Voir la force de vie, 

voir les opportunités, 

voir nos dons et charismes, 

voir ce que la vie réserve de beau et ce nous pouvons faire pour y contribuer. 

Pardonne nos craintes et encourage-nous à faire face à la vie, malgré sa fragilité. 

Pardonne nos hésitations et inspire-nous des gestes qui honorent la vie. 

Pardonne notre tristesse face à la limite de nos vies et ouvre-nous des horizons plus larges.  Amen 

 

Déclaration du Pardon 

Romains 8.31-34 

31 Que dirons-nous de plus ?

Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?

32 Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous :

comment ne nous fera-t-il pas totalement grâce avec son Fils ?

33 Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Personne, car c’est Dieu qui les déclare justes ! 

34 Qui les condamnera alors ? Personne, car Jésus Christ est mort, bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu et il prie en notre faveur !

 

Confession de Foi 

Je ne crois pas en un Dieu cruel. qui regarde froidement la souffrance de ses créatures. Mon Dieu dit : « Venez à moi vous qui êtes fatigués et chargés. et je vous donnerai le repos. » Je ne crois pas en un Dieu sourd. qui ferme l’oreille aux supplications des hommes en prière. Mon Dieu dit : « Demandez. et l’on vous donnera. cherchez et vous trouverez. frappez et l’on vous ouvrira. » Je ne crois pas en un Dieu orgueilleux tyran régnant sur des foules à genoux. Mon Dieu dit : « Je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître. » Je ne crois pas en un Dieu inaccessible. retiré dans sa perfection. Mon Dieu dit : « Quand une femme oublierait son nourrisson, moi, je ne t’oublierai pas. Voici. je t’ai gravé sur les paumes de mes mains. » Je ne crois pas en un Dieu comptable, pesant sur une balance le poids toujours trop léger de nos pauvres œuvres. Mon Dieu dit : « Là où le péché a abondé. la grâce a surabondé. » Je ne crois pas en un Dieu justicier, condamnant l’humanité vouée à l’enfer. Mon Dieu dit : « Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés. » Mon Dieu. je t’appelle : « Abba. Père ». 

Pasteur Christine Durand-Leis, Aumônier des hôpitaux

 

Prière d’Illumination

Seigneur, nous voici devant toi 

pour entendre la parole que tu veux nous dire aujourd’hui. 

Permets que, dans les paroles humaines que nous allons entendre, 

nous puissions entendre, chacun dans notre cœur, 

la parole que tu veux nous adresser aujourd’hui, pour nous. 

Viens toi-même nous donner ton Esprit 

afin que de ces paroles, puisse découler la nourriture spirituelle 

dont nous avons besoin pour avancer sur notre route vers ton royaume.

 

Lectures Bibliques

Genèse 22.1-18 

1Par la suite, Dieu mit Abraham à l’épreuve. Il l’appela et Abraham répondit : « Me voici. » 2Dieu reprit : « Prends ton fils Isaac, ton fils unique que tu aimes tant, va dans le pays de Moria, sur une montagne que je t’indiquerai, et là offre-le-moi en sacrifice. »

3Le lendemain Abraham se leva tôt. Il fendit le bois pour le sacrifice, sella son âne et se mit en route vers le lieu que Dieu lui avait indiqué. Il emmenait avec lui deux serviteurs, ainsi que son fils Isaac. 4Le surlendemain, il aperçut l’endroit de loin. 5Il dit alors aux serviteurs : « Restez ici avec l’âne. Mon fils et moi nous irons là-haut pour adorer Dieu, puis nous reviendrons vers vous. »

6Abraham chargea sur son fils Isaac le bois du sacrifice. Lui-même portait des braises pour le feu et un couteau. Tandis qu’ils marchaient tous deux ensemble, 7Isaac s’adressa à son père, Abraham : « Mon père ! » dit-il. Celui-ci lui répondit : « Oui, je t’écoute, mon enfant. » – « Nous avons le feu et le bois, dit Isaac, mais où est l’agneau pour le sacrifice ? » 8Abraham répondit : « Mon fils, Dieu veillera lui-même à procurer l’agneau. »

Ils continuèrent leur route tous deux ensemble. 9Quand ils arrivèrent au lieu que Dieu lui avait indiqué, Abraham construisit un autel et y déposa le bois. Puis il lia Isaac, son propre fils, et le plaça sur l’autel, par-dessus le bois. 10Alors il tendit la main et saisit le couteau pour égorger son fils. 11Mais des cieux l’ange du Seigneur l’interpella : « Abraham, Abraham ! » – « Oui, répondit Abraham, me voici. » 12L’ange lui ordonna : « Ne porte pas la main sur l’enfant, ne lui fais aucun mal. Je sais maintenant que tu reconnais l’autorité de Dieu, puisque tu ne lui as pas refusé ton fils, ton fils unique. »

13Relevant la tête, Abraham aperçut un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Il alla le prendre et l’offrit en sacrifice à la place de son fils. 14Abraham nomma ce lieu “Le Seigneur y veillera”. C’est pourquoi on dit encore aujourd’hui : « Sur la montagne, le Seigneur y veillera ».

15Des cieux, l’ange du Seigneur appela Abraham une seconde fois 16et lui dit : « Voici ce que déclare le Seigneur : Parce que tu as agi ainsi, que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton fils unique, aussi vrai que je suis Dieu, je jure 17de te bénir abondamment en rendant tes descendants aussi nombreux que les étoiles dans les cieux ou les grains de sable au bord de la mer. Tes descendants s’empareront des cités de leurs ennemis. 18À travers eux, je bénirai tous les peuples de la terre parce que tu as écouté ma voix. » 19Abraham retourna auprès de ses serviteurs ; ils se mirent en route ensemble et regagnèrent Berchéba, où Abraham s’installa.

 

Marc 9. 2-10

2 Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les conduit à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transformé devant eux ; 3ses vêtements devinrent d’un blanc si brillant que personne sur terre ne réussirait à obtenir une blancheur pareille. 4Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux parlaient avec Jésus. 5Pierre prend alors la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici. Dressons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. » 6En fait, il ne savait que dire, car ils étaient très effrayés. 7Une nuée survint et les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le ! » 8Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus, seul avec eux. 9Tandis qu’ils descendaient de la montagne, Jésus leur recommanda de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme ressuscite d’entre les morts. 10Ils suivirent cette recommandation, mais ils se demandaient entre eux : « Que veut-il dire par “ressusciter d’entre les morts” ? »

 

Prédication

I. Introduction 

Voici deux textes et quelques parallèles qui s’imposent à nous: 

Les deux textes nous font monter sur la montagne et redescendre pour reprendre la route 

Dans notre tradition de lecture et d’interprétation biblique, cet autre parallèle a été souvent souligné : 

• le modèle exemplaire de la foi d’Abraham, prêt à offrir son fils pour Dieu, ainsi que le dévouement de Jésus qui accepte sa mission jusqu’à ce que se sacrifier lui-même; 

• le fils donné par Abraham, d’un côté, et le fils donné par Dieu lui-même. 
• l’Abraham, modèle du croyant, Jésus, modèle et centre de la foi. 

Mais, peut être y a t il aussi cet autre parallèle : deux textes qui créent le malaise chez les lecteurs / lectrices d’aujourd’hui : 

C’est quoi cette histoire de sacrifice du fils ? 

C’est quoi ce phénomène de transfiguration et puis cette idée de mourir et ressusciter ? 

Les deux textes manquent de perspective, 

d’ancrage dans notre vécu , dans notre façon de penser et notre façon de croire. Nous sommes loin des temps de holocaustes, pensons nous. 

(vraiment ? parfois, nous sommes prêts à sacrifier tant de choses pour un petit peu de bonheur : tant de travail, tant d’argent, tant d’énergie… pour satisfaire des besoins supérieurs… sommes-nous tellement différents que nos ancêtres, au fond ?) 

Nous-nous sentons loin du temps où suivre Jésus, rimait pendant des siècles avec suivre sa souffrance, souffrir avec lui, se donner, s’effacer, s’attacher à Dieu, mais pas à la vie et à tous les plaisir qu’elle contient. 

Nous avons vu et connu cette piété qui valorise la soumission et le sacrifice, jusqu’à en être dégoutés, mais qu’avons nous su mettre à la place ? 

C’est vrai, pour moi aussi, la conception de la foi de la souffrance expiatoire n’est pas la mienne. Et je sais que c’est aussi le cas pour nombre d’entre-vous. 

Ces pistes d’interprétation que je viens de citer sont possibles, mais ne sont pas les seules possibles. Si c’était possible d’enlever des siècles de traditions, de faire taire pour un moment des cantiques que nous avons à l’oreille, d’effacer les multiples tableaux peints à ce sujet de notre mémoire, il serait peut être plus facile d’affronter ces textes. 

Essayons de mettre de côté nos réserves et nos allergies au sujet des sacrifices et voyons ce que nous pouvons lire et recevoir pour nous aujourd’hui : Je reviens en partie à une prédication dite ici en 2017 au sujet d’Abraham et Isaac : 

 

II Abraham : 

Voyons ce texte de la Genèse 22: les versets 6 et 8 donnent deux fois la même phrase : Ils (Abraham et Isaac / père et fils) allèrent eux deux ensemble.  Histoire donc, d’un couple parfait, père et fils comme des inséparables. Mais voilà, nous savons que la suite va menacer cette union. Et avec le recul, avec ce qui s’est passé avant, nous savons aussi à quel points ces paroles ont un gout amer. Car il y avait bien un autre fils, un aîné, Ismael, fils d’Hagar et d’Abraham.

Refusés et maltraités par Sarah, femme d Abraham, Agar et son fils s’enfuient dans le désert où ils seraient morts sans l’aide d’un ange envoyé par Dieu lui-même.

Et puis, finalement, c’est Abraham lui-même qui va les renvoyer loin de leur clan, après l’arrivé de son fils Isaac. Oui, Abraham et Isaac, sont bien unis, unis surtout par un lourd passé. Abraham a tranché entre Ismael et Isaac et s’est séparé de l’un pour favoriser la relation unique avec l’autre. Abraham, à ce moment de notre histoire, a déjà sacrifié un fils : le premier né, Ismael. Dans le récit, il est question de plusieurs garçons / adolescents, ce qui nous indique l’âge d’Isaac : l’âge de l’adolescence. Mais lui seul est « son fils » , c’est à dire sa propriété, son identique, une part de lui-même.  Ou, comme c’est dit par Dieu (verset 2), c’est son unique… au moins le seul qui lui reste. Il ne peut pas le voir comme n’importe quel autre jeune homme. 

Avec cette condition à la base, le narrateur met en place un scénario, d’un suspense digne d’un Film d’Alfred Hitchcock. 

Une montée sur plusieurs jours, le spectateur connait la mission, faire un holocauste, 

Abraham le sait, Isaac sait, les garçons.aussi, mais savent-ils et comprennent-ils tous la même chose ? Le chemin est long : trois jours, des pauses et des arrêts. Pourquoi si loin ? pourquoi pas avec les autres du clan ? il y a du bois, il y’a des personnes… À un moment donné, Isaac va rompre le silence et dire ce que tout le monde se demande : où est l’animal à offrir ?

Et, du coup, la phrase du début révèle toute son ambiguïté : 

• Prends ton fils, Isaac, ton fils unique que tu aimes tant, va dans le pays de Moria, sur une montagne que je t’indiquerai, et là offre (le ?) moi en sacrifice.

A-t-il dit d’offrir le garçon ou a-t-il dit d’offrir un holocauste avec le garçon ? 

Le texte hébreu permet les deux lectures. 

« Vas-y avec ton fis et ensemble vous faites un holocauste » 

ou 

« vas y avec ton fils et donne-le comme holocauste. » 

Abraham semble incertain, hésitant. Quelle version faut il entendre ? Dieu va prévoir pour l’agneau, mon fils, dit-il. Mais y croit-il ? 

Comme rien ne se passe, à la fin, il opte pour la version la plus radicale : Il lève le couteau, signe qu’il est prêt à tuer son fils. Ou, comme dit le nom de couteau en hébreu: manger son fils. (un couteau est un mangeur). 

Ce qui fait penser à d’autres mythes parallèles, comme celui de Chronos dans la mythologie grecque :  par peur d’être  détrôné par ses enfants, il les engloutit après leurs naissance.  

Alors Abraham, est-il l’homme de la parfaite soumission… comme l’affirme l’Islam ? 

Est-il un exemple de la foi qui tient bon dans l’épreuve comme le montrent aussi les traditions juive et chrétienne ? 

Ou Abraham, fait-il une mauvaise interprétation de ce qui lui est demandé par Dieu ? Ne craint-il pas plutôt un avenir incertain avec son fils ? Et donc succombe-t-il à la tentation d’immortaliser un passé uni tel qu’il était ? 

On ne le saura jamais. 

Mais les trois religions monothéistes (bible et coran) sont d’accord sur une chose : Dieu se révèle ici comme un Dieu qui ne veut pas de sacrifice humain!. Le bouc deviendra symbole d’un apaisement : pas de violence entre les hommes. Le bouc émissaire prend sur lui l’agression possible, les craintes et les hésitations. Le geste de Dieu libère d’une tentation humaine de vouloir posséder jusqu’à tuer l’autre. Dieu libère l’homme de la logique du donnant donnant , comme si Dieu avait besoin de cadeaux pour donner de son côté.

Cette narration biblique, nous devons aussi la lire dans le contexte des traditions d’autrefois. Le peuple de Dieu est confronté à des religions qui proposent des sacrifices, peut être même des sacrifices humains, dans le but de contenter et apaiser leurs dieux et leurs déesses. Mais le Dieu d’Israël se révèle comme celui qui n’accepte pas le sacrifice du fils ou des humains tout court. Il laisse même annoncer par la bouche des prophètes que les holocaustes sont la dernière chose qu’il attend de la part des croyants. La première chose, c’est la confiance en lui, et la deuxième, c’est un comportement humain et juste les uns envers les autres.  Face à l’inégalité et à la pauvreté dans le pays, le prophète Amos annonce au nom de Dieu : Amos 5, 22. ni les sacrifices complets que vous venez me présenter. ,Je n’éprouve aucun plaisir à vos offrandes de grains. ,Je ne regarde même pas ,les veaux gras que vous m’offrez en sacrifice de communion.

Abraham n’est ni le premier ni le dernier à se tromper quant au sacrifice que Dieu attend de lui. Par contre, la narration souligne bien autre chose : si le fils n’est pas à sacrifier, Abraham a pourtant une liberté et une autonomie à lui rendre. Abraham ne doit pas « manger » mais au contraire « se détacher » de son fils: 

À la fin du récit, Abraham descend de la montagne seul pour retrouver les autres garçons qui les attendent. Il n’a pas donné la mort à Isaac, mais sa liberté. Son fils unique, son fils à lui, devient un jeune homme qui prend son chemin à lui, libre de retrouver le chemin de son père, libre aussi d’en emprunter d’autres. 

 

Et Dieu bénit, bénit la semence justement. 

Dieu valide la descendance comme une existence propre, pleine de vie, et du soutien de Dieu, 

Dieu contredit à une logique qui pousse à être prisonnier des ancêtres, 

Dieu valide de nouveaux départs avec lui, 

Dieu contredit une logique de clonage, de copier-coller, d’une génération à une autre. 

Dieu met en relation… à la fin Abraham marche ensemble avec les autres garçons, 

Dieu contredit une logique de relations exclusives. 

 

III.  Abraham nous fait voir comment est Dieu.

Nous, chrétiens, nous avons à l’oreille ce que va dire un Jésus de Nazareth un jour : 

« voici qui sont mes frères et mes soeurs… » montrant les personnes qui l’entourent à ce moment.  

Plus jamais n’avoir à trancher, à trancher entre un fils ou un autre, 

plus jamais n’avoir à trancher entre famille et non famille, 

plus jamais n’avoir à trancher entre amis ou ennemis, 

mais vivre en relation les uns avec les autres en confiance, 

en laissant liberté et proximité en bon équilibre… un rêve et une promesse anciens comme la bible et le coran, anciens comme nos ancêtres dans la foi. 

Pouvons-nous au moins ressentir l’importance de ce passage dans son temps ? 

la modernité de renoncer à ses envies de posséder, 

refuser de suivre aveuglements des rites,

mais lever les yeux avec Abraham pour voir comment est Dieu : 

surprenant 

nous plaçant devant nos envies terribles au fond de nous 

pour nous montrer aussi des issues inattendues. 

 

IV.  Jésus sur la montagne 

Et Jésus sur la montagne nous pousse à voir notre autre tentation ; celle de voir la vie de gloire uniquement. Là où Abraham est prêt à donner la vie de son fils pour mettre Dieu de son côté, les disciples sont prêts à rêver d’une vie avec Dieu où tout va merveilleusement bien et tout est bercé dans la lumière de la gloire de Dieu. Une vie sans privations et sans limites. Et Jésus les fait descendre de là, leur remet les pieds sur terre.  

Croire à la suite de Jésus ne se fait pas sans souffrances, 

sans difficultés, 

mais la souffrance et les difficultés ne sont pas un but en soi,

Le but, c’est la vie. 

Une vie plus forte que la mort même, une vie qui réussit. 

Mais la vie humaine, sans difficultés et sans soucis n’existe pas. 

Et les chrétiens constatent que, même pour celui qui est appelé fils de Dieu, au bout de chemin il y a la mort, la mort sur la croix. Car les juges ont tranché : mieux vaut qu’un meure plutôt que beaucoup d’autres. Logiques et calculs  humains ! sacrifier un homme au nom du raisonnement. Ce n’est pas Dieu qui sacrifie son fils, c’est le raisonnement humain perverti. Dieu a « donné » son fils (Jean 3,16) pour l’écouter. Marc 9, 16 Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le ! pour le suivre, pour discuter, pour se laisser toucher … mais jamais, pour qu’on le tue.

Pourquoi pas de bouc au moment où on veut le tuer ? 

Pourquoi a-t-il dû aller jusqu’au bout de Golgatha, portant sa croix, sans une aide de dernière minute ? Cette question est pertinente, pas uniquement dans son cas, mais pour tellement d’autres personnes qui sont sacrifiées au nom de l’injustice et des calculs humains. Elie Wiesel, dans ses souvenirs de la terreur nazie, va mêler sa propre expérience à celle d’Isaac. Etre en marche vers d’autres juifs vers… l’abattage… un chemin qui va aboutir dans un camp de concentration. Et sur la route, il est témoin comment un père essaie de rassurer son fils inquiet. « Souviens-toi d’Isaac. Il avait peur mais, à la fin, Dieu lui a trouvé une issue à sa situation. Ce n’est pas trop tard pour nous non plus… « 

Et Elie Wiesel de constater avec amertume : il manque de boucs ! Trop souvent des gens doivent aller au bout du chemin sans rencontrer un secours de dernière minute. trop souvent au bout de la route, au sommet de la souffrance, il y a la mort injuste et violente. Pourquoi ? Pourquoi pas plus de boucs ? 

Alors oui, parfois il n’y a pas de bouc et c’est ce qui est désespérant dans ce monde, 

mais Dieu qui s’est révélé sur la montagne au temps d’Abraham comme un Dieu qui renonce à la violence humaine, 

qui s’est révélé sur Golgotha comme un Dieu qui s’oppose à la mort même. 

Quand il n’y a pas de bouc, il y a la tombe vide. 

Et le message reste le même : 

croyants de toutes religions nous sommes invités à ne pas tuer au nom de Dieu 

mais d’être une bénédiction pour ce monde. 

chrétiens, nous sommes invités, à ne pas nous installer dans le confort d’une vie sans soucis, mais oser affronter le monde tel qu’il est pour le rendre plus vivable

enfants de Dieu, nous sommes encouragés à surmonter nos traditions de foi pour être ouverts à une rencontre avec Dieu toujours renouvelée et surprenante, mais surtout un Dieu qui défend la vie et nous invite à la vivre joyeusement. Amen 

Musique après la prédication 

 

Chant indiqué :  47 / 07,  1.3.5.   Si Dieu pour nous s’engage (page 736) 

1 Si Dieu pour nous s’engage,

Qui sera contre nous ?

En son Fils, d’âge en âge,

Il nous accorde tout.||

Quand l’amitié du Maître

Plaide en notre faveur,

Qui pourra compromettre

Les élus du Seigneur ?

 

3  L’Esprit qui nous habite

Fait de nous ses enfants;

L’Esprit Saint nous invite

A vivre librement.||

C’est lui qui vient en aide

A nos cœurs indécis.

C’est lui qui intercède :

“O Père, nous voici !”.

 

5 L’angoisse nucléaire,

La faim, les armements,

Les puissants de la terre,

L’avenir, le présent,||

La mort, ni rien au monde

Ne peut priver nos cœurs

De l’amour que Dieu fonde

En Christ, notre Seigneur.

 

Prière d’Intercession 

Seigneur, nous Te demandons de nous accompagner sur notre chemin de Carême. Soutiens nos efforts pour Te replacer au centre de notre vie.

Seigneur, nous Te prions pour que tous les Hommes soient respectés dans leurs croyances et convictions. Aide-nous à cultiver et propager notre Amour du prochain à travers nos différences

Seigneur, nous Te prions pour tous ceux qui souffrent de la solitude et du manque de contacts. Sois sensible à leur souffrance. Apporte-leur soutien et réconfort pour que cette période soit aussi source de renouvellement et de fortification de leur relation à Toi.

Seigneur, aide-nous à lutter contre le pessimisme, la morosité et la déprime. Inspire-nous des comportements qui transmettent la Joie de se sentir aimés, telle que nos ancêtres dans la foi l’ont découverte. 

Dieu d’Abraham et de Sahra, Dieu de la promesse,

donne-nous d’être les témoins de ta fidélité que le monde attend.

Dieu de Jacob, Dieu du combat,

donne-nous de lutter contre le mal, l’injustice et la souffrance.

Dieu de Moïse, Dieu de la délivrance,

donne-nous de libérer les prisonniers du doute, 

du désespoir et de la peur.

Dieu de Miriam, Dieu des louanges,

donne-nous de répandre la joie de te connaître.

Dieu d’Elie et de la veuve de Sarepta, Dieu de la faim rassasiée,

donne-nous de partager notre pain  avec celles et ceux qui ont faim.

Dieu de Jésus-Christ, Dieu d’amour,

donne-nous, en tous temps et en tous lieux, 

d’être comme les échos de ta parole qui accueille, console et donne la paix. Amen

 

Ensemble nous te prions : 

Notre Père 

Notre Père qui es aux cieux, 

que ton nom soit sanctifié, 

que ton règne vienne, 

que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ;

pardonne-nous nos offenses comme 

nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. 

Ne nous laisse pas entrer en tentation 

mais délivre-nous du mal, 

car c’est à toi qu’appartiennent 

le règne, la puissance et la gloire, 

aux siècles des siècles.  Amen.

 

Envoi / Exhortation 

Béni soit Dieu,

Il nous a donné sa Parole pour que nous l’entendions,

Il nous a promis son Royaume pour que nous espérions.

Allez,

avec vos soeurs et vos frères,

dans l’audace et l’adoration,

“la joie de Dieu sera votre force”.

 

BENEDICTION

Le Seigneur t’offre des moments où tu verras et sentira la gloire, 

ce sera un ressourcement pour toi. 

Il veillera avec toi dans des moments de doutes et de l’épreuve, 

ce sera ton soutien. 

Le Seigneur te portera au-delà des moments de solitude et de souffrance et te donnera la Paix. 

 

Cantique :   Shalom , shalom … le Seigneur te bénisse 

 

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