prédication Es 58 et Mt 5 2023 02

Vous êtes la lumière du monde. Mt 5, 14

prédication du 05 02 2023 par Christina Weinhold

Lectures bibliques 

Es 58, 1Crie à pleine voix, ne te retiens pas, dit le Seigneur. Comme le son de la trompette/ shofar , que ta voix porte loin. Dénonce à mon peuple sa révolte, aux descendants de Jacob leurs fautes.  (mettre le son de shoffar) 

https://www.instrumentsdumonde.fr/instrument/161-Shofar.html

2Jour après jour, tournés vers moi, ils désirent connaître ce que j’attends d’eux. On dirait un peuple qui agit comme il faut et qui n’abandonne pas le droit proclamé par son Dieu. Ils réclament de moi de justes jugements et désirent ma présence. 3Mais ils me disent : « À quoi bon pratiquer le jeûne, si tu ne nous vois pas ? À quoi bon nous priver, si tu ne le sais pas ? » Alors je réponds : Constatez-le vous-mêmes : jeûner ne vous empêche pas de saisir une bonne affaire, ni de malmener vos employés. 4Quand vous jeûnez, vous vous querellez, vous vous disputez et vous donnez des coups de poing ! Quand vous jeûnez ainsi, votre prière ne parvient pas jusqu’à moi. 5Est-ce en cela que consiste le jeûne tel que je l’aime, le jour où l’on se prive ? Courber la tête comme un roseau, revêtir l’habit de deuil, se coucher dans la poussière, est-ce vraiment pour cela que vous devez proclamer un jeûne, un jour qui me sera agréable ?

6Le jeûne tel que je l’aime, le voici, vous le savez bien : c’est libérer ceux qui sont injustement enchaînés, c’est les délivrer des contraintes qui pèsent sur eux, c’est rendre la liberté à ceux qui sont opprimés, bref, c’est supprimer tout ce qui les tient esclaves. 7C’est partager ton pain avec celui qui a faim, c’est ouvrir ta maison aux pauvres et aux déracinés, c’est fournir un vêtement à celui qui n’en a pas, c’est ne pas te détourner de celui qui est ton frère.

8Alors ce sera pour toi l’aube d’un jour nouveau, ta plaie ne tardera pas à se cicatriser. Le salut te précédera et la gloire du Seigneur fermera la marche. 9Quand tu appelleras, le Seigneur te répondra ; quand tu demanderas de l’aide, il te dira : « J’arrive ! » Si tu cesses chez toi de faire peser des contraintes sur les autres, de les ridiculiser en les montrant du doigt, ou de parler d’eux méchamment, 10si tu partages ton pain avec celui qui a faim, si tu réponds aux besoins du malheureux, alors la lumière chassera l’obscurité où tu vis. Au lieu de vivre dans la nuit, tu seras comme en plein midi.

I Cor 2, 1Quand je suis allé chez vous, frères et sœurs, pour vous annoncer le projet de salut révélé par Dieu, je n’ai pas usé d’un langage compliqué ou de connaissances impressionnantes. 2Car j’avais décidé de ne rien savoir d’autre, durant mon séjour parmi vous, que Jésus Christ et, plus précisément, Jésus Christ crucifié3C’est pourquoi je me suis présenté à vous faible, et tout tremblant de crainte ; 4mon enseignement et ma prédication n’avaient rien des discours de la sagesse humaine, mais c’est la puissance de l’Esprit divin qui en faisait une démonstration convaincante. 5Ainsi, votre foi ne repose pas sur la sagesse humaine, mais bien sur la puissance de Dieu.

 

Mt 5, 13 C’est vous qui êtes le sel du monde. Mais si le sel perd son goût, comment le rendre de nouveau salé ? Il n’est plus bon à rien ; on le jette dehors, et les gens le piétinent.

14C’est vous qui êtes la lumière du monde. Une ville construite sur une montagne ne peut pas être cachée. 15On n’allume pas une lampe pour la mettre sous un seau. Au contraire, on la place sur le porte-lampe, d’où elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. 16C’est ainsi que votre lumière doit briller aux yeux de tous, afin que chacun voie le bien que vous faites et qu’ils louent votre Père qui est dans les cieux.

 

 

 

Prédication 

 Je reviens sur le texte du prophète Esaie :

Faire entendre les paroles de Dieu comme un son de shoffar / un bruit de trompette, c’est -à -dire faire du bruit autant que possible pour alerter sur ce qui reste à faire.

Pourquoi faire du bruit ?

C’est le bruit qui va nous rendre attentifs, nous faire interrompre notre train-train pour lever la tête et dresser les oreilles.

C’est le bruit qui nous appelle et nous pousse à nous mettre en question face à nos habitudes, face à nos actions, face à nos rites.

C’est pourquoi le son du shoffar et la lecture du texte du prophète Esaie, qu’on vient d’entendre, ouvrent le jour de Jom Kippour, le jour de la repentance dans le monde juif.

Jour de jeûne et jour aussi de revoir sa vie, d’admettre des loupés et de songer là-dessus comment faire mieux la prochaine fois.

Tout comme le souligne l’extrait du livre d’Esaie: le jeûne en soi ne rime à rien. Les gens finissent par être de mauvaise humeur et les querelles ne sont jamais loin.

  • Par contre, le jeûne peut être un exercice pour soutenir et exprimer une attitude de conversion. Qu’est ce que je regrette ?
  • Faire le tri au fond de son âme. Qu’est ce que je veux garder ? Qu’est ce qui sera à abandonner ?

Mon impatience vis-à-vis de mes enfants ou vis-à-vis de mes collègues ?

Ma flemme devant tant de chantiers dans ma vie ?

Mon angoisse et ma timidité face à des projets dont j’ai envie ?

Une relation brouillée que j’aurais envie de clarifier ?

Il y a de quoi faire le tri au fond de nous, la nécessité d’en prendre soin pour mieux recommencer, s’interrompre, prendre le temps, voir ce qui compte.

Jom Kippour, temps de carême, une retraite, un temps mis à part à temps voulu et choisi, un temps d’une prédication comme ce matin.

Nous voici interpellés pour entendre les paroles comme celles-ci et de les faire résonner en nous:

6 Le jeûne tel que je l’aime, le voici, vous le savez bien : c’est libérer ceux qui sont injustement enchaînés, c’est les délivrer des contraintes qui pèsent sur eux, c’est rendre la liberté à ceux qui sont opprimés, bref, c’est supprimer tout ce qui les tient esclaves. 7 C’est partager ton pain avec celui qui a faim, c’est ouvrir ta maison aux pauvres et aux déracinés, c’est fournir un vêtement à celui qui n’en a pas, c’est ne pas te détourner de celui qui est ton frère.

Ce qui saute aux yeux c’est que la démarche proposée et encouragée par Dieu n’est pas de l’ordre d’un développement personnel, ni d’un détox dans le cadre du bien-être,

mais que le Dieu d’Esaïe invite justement à se décentrer et de se soucier de l’autrui. Un texte pas du tout moderne, mais d’autant plus important.

Tu veux te libérer ? Va et libère celles et ceux qui sont piégés dans des contraintes.

Tu as faim de justice ? Va et partage ton pain.

Mais pour le faire, il faut probablement abandonner autre chose qu’on était en train de faire, revoir ses priorités, se demander ce qu’on est capable de faire. C’est cela le jeûne qu’il nous faut et qui peut même convaincre un protestant de s’y mettre. Ce jeûne n’a rien d’une purification en se faisant du mal, comme on l’a interprété un moment donné. Ce jeûne est un travail sur soi-même en vue d’en faire profiter la communauté, la société tout entière. Le spirituel et le social vont main dans la main, ou, comme vous avez dit ici au même endroit il y a une semaine « la mission de l’église c’est le service ». Témoigner et servir vont de pair.

Pour donner un exemple :

Mercredi, certains d’entre nous sont allés manifester devant la préfecture de Versailles. Le but était d’alerter sur la situation des demandeurs d’asile.

L’asile est un droit humain.

Mais, dans la façon de l’appliquer, il y actuellement de nombreux obstacles et failles. C’est ainsi que les demandeurs d’asile se retrouvent privés de leurs droits, sans papiers, sans pain, ni toit.

Un petit comité de manifestants était admis pour un entretien avec des employés de la préfecture, qui ont part de leur compréhension de leur indignation devant la situation, et qu’eux aussi, étaient souvent dépassés et frustrés par la situation. On aura le compte rendu détaillé la semaine prochaine au moment de la table ronde de nos collectifs locaux.

Oui, parfois il faut faire du bruit pour faire avancer les choses ou, au moins, pour pouvoir dénoncer qu’ici, il y a une situation qui ne va pas et qui ne peut pas durer encore et encore.

Et pour certains d’entre nous, cela se fait au nom de leur foi. Lever la voix au nom de Dieu pour libérer celles et ceux piégés dans un système et une administration qui manque des moyens.

Et qui dit qu’en agissant ainsi, cela n’aurait de l’effet que pour autrui.

Esaïe partage cette promesse que ce qu’on fera au nom de l’autre aura aussi un impact sur nous-même :

8Alors ce sera pour toi l’aube d’un jour nouveau, ta plaie ne tardera pas à se cicatriser. Le salut te précédera et la gloire du Seigneur fermera la marche. 9Quand tu appelleras, le Seigneur te répondra ; quand tu demanderas de l’aide, il te dira : « J’arrive ! » Si tu cesses chez toi de faire peser des contraintes sur les autres, de les ridiculiser en les montrant du doigt, ou de parler d’eux méchamment, 10si tu partages ton pain avec celui qui a faim, si tu réponds aux besoins du malheureux, alors la lumière chassera l’obscurité où tu vis. Au lieu de vivre dans la nuit, tu seras comme en plein midi.

la lumière chassera l’obscurité où tu vis. Au lieu de vivre dans la nuit, tu seras  comme en plein midi.

En mettant un peu de lumière autour de nous, c’est cela la promesse, il serait aussi moins sombre pour nous-même.

Ou alors comment, Jésus va le reprendre d’après l’évangile de Matthieu (Mt 5):

« Vous êtes la lumière du monde ! »

  • Vous êtes ? pas vous « devriez » ?

Vous êtes la lumière du monde.

  • Moi aussi ?

Oui, toi aussi !

  • Mais, non, je ne suis qu’un petit vacillement.

Ne mets pas ta lumière sous un seau. 

  • C’est ridicule, il y a tellement de personnes beaucoup plus brillantes que moi.

Et alors ? Pense au lucioles. C’est tellement minuscule, et cela illumine quand-même la nuit.

  • Mais parce qu’elles sont toujours nombreuses…

Ah, tu vois ! Cela ne fait rien d’être une petite lumière quand on se retrouve accroché sur un grand lustre entouré par tant d’autres.

  • Je vois, tu ne veux pas qu’on fasse des économies « de bouts de chandelle », concernant notre engagement.

Effectivement, je crois que rencontrer le Christ et découvrir l’amour de Dieu pour nous, cela a un effet de voir 36 chandelles, au moins. De quoi partager autour de nous.

  • Haha, tu parles tout de même un langage bien ancien et démodé. Tu sais bien qu’aujourd’hui tout passe par l’énergie… et c’est devenu cher. Ce n’est pas Versailles ici !

Et je vois que toi tu veux toujours et encore trouver des excuses. Je te rassure : La lumière dont parlent Esaïe et Jésus dans l’évangile de Matthieu est complètement renouvelable et éco-responsable.

  • Tu m’as eu. C’est certainement parce que je ne me vois pas toujours sous une bonne lumière. Que je ne me sens pas assez brillant pour faire quoi que ce soit…

J’arrête ce dialogue inventé. Mais peut-être vous vous êtes reconnus dans cette sous estimation de ce que nous sommes capables de faire ou d’être.

L’apôtre Paul, pour cela, prêchait avant tout le Christ crucifié. L’épisode le plus sombre dans l’histoire humaine, mais le meilleur témoignage pour nous décomplexer. En Jésus Dieu renouvelle son message : il connaît bien nos fragilités et nos tentations obscures qui aboutissent parfois à la violence et à l’injustice. Et malgré tout, il appelle à continuer à apporter la lumière dans ce monde : en partageant la parole, en gardant l’espérance dans la prière, en œuvrant là où nous sommes pour plus de justice… Parce que l’homme sur la croix a fini par voir la lumière au bout de la tombe, nous aussi, nous pouvons agir, suivant la lumière au bout du tunnel, illuminés par une espérance et un amour qui nous alimentent depuis le début des temps quand, pour la première fois, la lumière fut.  Amen

 

Christina Weinhold, 05 02 2023

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