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Prédication du 5 janvier – L’Épiphanie
Partage
par Jean-Paul Weigel
-Matthieu, chapitre 2, versets 1 à 12-
-Michée, chapitre 5, versets 1à 4-
Introduction Frères et sœurs, je vous l’ai dit au début du culte, aujourd’hui c’est l’Épiphanie.
Épiphanie, si on consulte un dictionnaire, vient du grec ancien epiphaneia, et signifie « manifestation, apparition soudaine ». C’est la compréhension soudaine de l’essence ou de la signification de quelque chose.
Une apparition, donc, qui devient « éclairante »… Et c’est exactement ce que les textes que nous venons de lire nous révèlent. Le Christ est né, et deux catégories de personnes ont immédiatement été mises au courant. Et les Évangiles eux-mêmes ne relatent pas de la même manière “l’apparition”, l’Épiphanie. Pour Luc le plus prolixe en description, ce sont des bergers qui, les premiers sont mis au courant. Pour Matthieu, nous venons de le lire, ce sont des mages. Je dis bien des mages. Ils deviendront plus tard, selon la tradition comme on dit, des rois mages…
1ère partie Matthieu nous donne peu de renseignements sur ces célèbres et énigmatiques mages, autour desquels s’est construite une histoire populaire s’écartant plus que sensiblement du texte biblique original !
Car la Bible, elle, ne fait aucune mention de leur nombre, ni de leur rang social ou religieux, ni de leurs noms, ni de leur pays d’origine, ni de leur race, ni de leur couleur.
Oublions donc la « petite histoire populaire des rois mages » pour mieux nous concentrer sur le récit biblique. Suivons ces mages qui se mettent en quête de Dieu, une quête existentielle qu’ils résument eux-mêmes parfaitement en posant la question : « où est le roi des Juifs qui vient de naître ? ».
1° Les mages sont naïfs.
En arrivant à Jérusalem, ils questionnent tout le monde pour savoir où est né le roi des Juifs. Il ne leur vient pas à l’idée que cette naissance, et cette royauté, puissent être secrètes. Un secret non voulu par Dieu ; au contraire, la nouvelle de la naissance de Jésus est appelée à être proclamée au monde entier.
Mais un secret rendu nécessaire par la jalousie d’Hérode.
Les mages ne soupçonnent pas le mal. Ils n’ont pas de mauvaises pensées. Pour eux, la naissance d’un roi est forcément publique.
S’ils sont naïfs, les mages sont cependant des prédicateurs efficaces de l’Évangile, car tout le peuple est mis au courant de la nouvelle de la naissance du nouveau roi (v. 3).
2° Hérode, lui, agit avec ruse.
C’est en secret qu’il fait appeler les mages (v. 7), alors, qu’à priori, il a le droit de recevoir qui il veut. Pourquoi ce secret ? Lorsque l’on a de mauvaises pensées, on imagine que tout le monde en a aussi, et l’on se méfie de tout, au point de devenir paranoïaque, comme beaucoup de détenteurs de pouvoir, encore aujourd’hui ! C’était le cas d’Hérode, qui craignait par-dessus tout de perdre son royaume.
En tous points, Hérode agit différemment des mages. Il cache, ruse, trompe et espionne, alors que les mages révèlent et sont ouverts à tous.
C’est l’esprit de l’épiphanie, qui veut dire, je le répète, « apparition ».
L’Épiphanie, c’est la révélation de Dieu à toutes les nations. Et cette révélation nécessite un esprit d’ouverture, pour accepter et dépasser les différences de races, de cultures et d’idéologies, au risque, peut-être, de paraître naïf, comme les mages.
2ème partie Donc posons-nous une question :
À l’image de ces fervents voyageurs, sommes-nous encore prêts à nous laisser interpeller par Dieu, à répondre à ses appels, à discerner les signes de sa présence, à nous lever pour aller vers l’inconnu, à nous remettre en marche, à nous remettre en quête de Dieu?
1° Ou préférons-nous rester assis,
à l’image de ces grands prêtres et de ces scribes (v.5), qui eux n’ont pas quitté Jérusalem pour rendre hommage au Messie qui vient de naître. Comme eux, nous pouvons avoir tendance à rester confortablement assis sur nos acquis, nos soi-disant valeurs, nos traditions religieuses, nos héritages familiaux, nos connaissances, nos convictions, nos opinions.
« Conserver ses acquis », n’est-ce pas un peu le mal de notre siècle ?
Réfléchissons-y un instant. –silence-
Par notre immobilité latente, nous risquons de devenir :
-hermétiques à toute nouveauté venue d’ailleurs ;
-réticents à tout ce qui pourrait bousculer nos habitudes ;
-indifférents à tout ce qui pourrait bouleverser notre vie.
En somme, nous tendons à être fermés à l’inattendu de Dieu.
Au contraire, les mages ne sont pas restés assis. À travers leur quête de Dieu, ils se sont non seulement déplacés pour aller à sa recherche (v.10), mais ils se sont surtout laissé déplacer par Dieu : ils ont été bouleversés par la première apparition de son étoile, ils ont éprouvé une grande joie à la seconde apparition de celle-ci, ils se sont prosternés devant ce Messie nouveau-né placé dans une simple mangeoire à Bethléem, bien loin de la condition d’un roi dans sa capitale (v.11).
En rendant hommage à l’enfant Jésus, ils le reconnaissent comme le roi qui est au-dessus de tous les rois de toutes les nations. C’est ce que nous, protestants, proclamons à la fin du Notre Père :
« Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et le gloire pour les siècles des siècles».
En adorant l’enfant Jésus, les mages le reconnaissent comme leur Seigneur et Sauveur.
« C’est lui qui ramènera la paix », c’est bien ce que souligne notre verset du jour !
La paix résume tous les bienfaits du règne du Messie pour son peuple.
Du règne à venir, que prédit le prophète Michée.
Et que les mages contemplent, devant eux, dans une humble étable.
Ils n’ont aucun doute !
Et les mages marquent cette double reconnaissance en déposant leurs richesses aux pieds de la mangeoire.
Nous aussi, nous devons apprendre à déposer devant Jésus-Christ, tout ce que nous avons et tout ce que nous savons. Car tous nos avoirs et tous nos savoirs n’ont véritablement de sens que si nous les mettons au service d’une vie placée dans la foi en Jésus-Christ.
2° Alors à notre tour, pour cette nouvelle année, faisons comme les mages : mettons-nous en marche. Frères et sœurs allons donc à la rencontre du Christ. Il y a bien des façons d’y aller, à la rencontre du Christ, mais c’est vraiment une chance car chacun de nous a une sensibilité, des dons, une histoire et une vocation qui lui sont propres.
Qu’importe, finalement, notre façon de trouver ce salut de Dieu qu’incarne le Christ. L’essentiel est d’avancer vers lui et de se laisser toucher, transformer par lui.
Les mages ont trouvé en Christ une lumière. À l’image des mages, nous aussi nous pouvons trouver la lumière. Une lumière spirituelle qui n’annule pas la lumière terrestre, mais qui marque un cheminement.
La vie sur terre est bonne, ou plutôt, elle est faite pour être bonne, c’est pourquoi les mages, comme nous aujourd’hui, quand ils retourneront ensuite en Orient, ils retourneront à leurs occupations, leurs familles, leur vie, mais transformés.
Conclusion Lorsque nous avons tendance à avoir la foi triste ou laborieuse, nous devons nous répéter que l’évangile est la bonne nouvelle d’une grande joie.
Saisir la lumière de Dieu nous transformera aussi. Nous serons alors plus complets, plus forts, dans la lumière terrestre et dans cette lumière divine.
Saisir la lumière de Dieu, c’est le seul vœu que je vous souhaite aujourd’hui pour cette nouvelle année qui commence.
Amen
Jean-Paul Weigel