Prédication du 8 juin : Pentecôte – Nous sommes ensemble et chacun des témoins libres !

Pentecôte

Nous sommes ensemble et chacun des témoins libres !

Les jeunes sont, selon l’expression, « l’avenir de l’Église ». Mais ils en sont tout autant le présent. Ils se posent beaucoup de questions sur leur avenir, avec un mélange de détermination et de peurs : quels métiers, quel monde à venir, surtout en ce temps de crise difficile pour tous, mais particulièrement pour la jeunesse. Et il est vrai que les quatre jeunes accueillis aujourd’hui portent un regard négatif et pessimiste sur l’état et l’avenir du monde

Prenons par exemple ce beau symbole de la main. Un psaume rappelle qu’il nous faut « être dans les mains de Dieu ».

• Tout à l’heure nous allons faire le geste de l’imposition des mains sur les confirmés, qui symbolise de la relation à Dieu : Nous vous la transmettons, nous vous accueillons dans l’Église, et nous vous envoyons dans le monde.
• La main peut aussi frapper, tirer à l’arc ou au fusil ou même appuyer sur le bouton nucléaire.
• On se salue avec la main pour montrer qu’elle est vide d’arme, exempte de danger. On se salue de près ou de loin.
• Mais dans la crise sanitaire de ces dernières années, la main est devenue meurtrière, vectrice de communication du virus. On évite les mains, on désinfecte les mains 20 fois par jour. La main est objet de méfiance. La main a perdu de sa dynamique de vie, de partage, et même de foi. Car lorsque je sers la main de quelqu’un, c’est que je vois dans l’autre une image de Dieu pour moi

Nous ne pouvons pas transmettre la foi qui est un choix intime et donc libre, mais nous pouvons discerner ensemble ce qui peut nous mener vers l’avenir. Nous pouvons et nous devons témoigner de notre foi et apporter une culture biblique. Mais la foi, elle, ne transmet pas… Peut-être sommes-nous en 2025 comme les disciples et leur entourage à Jérusalem en ce jour de la Pentecôte, Cette première communauté ne savait pas de quoi leur lendemain serait fait et vivait dans la mémoire du passé dans les pas du Christ. Comme nous vivons avec l’espoir de retrouver une vie normale et de construire le monde de demain. C’est là, dans le récit de Pentecôte, que vont intervenir deux éléments essentiels qui sont encore la base de notre conviction d’aujourd’hui :

• Don de l’Esprit : il est singulier, personnalisé sous formes de langues de feu pour chacune et chacun. Mais tous passent de l’hésitation, de la timidité, de la peur, au courage et à un discours et une action tournée vers l’espérance et loin des marques de défiances. Cela signifie quelque chose pour notre monde, tant marqué par la méfiance de l’autre, des autres qui deviennent à chaque instant une menace. L’événement de la Pentecôte est l’antidote contre tous les replis qui mènent aux méfiances. Une histoire juive raconte qu’un juif, s’il doit aller sur une île déserte construira deux synagogues, l’une où il ira et l’autre où il est bien sûr de ne jamais aller… On a besoin de l’autre pour s’opposer et se donner ainsi l’illusion d’une identité. Au contraire, l’évènement de Pentecôte c’est le passage de l’opposition à l’identité positive, un peu comme une sortie de crise d’adolescence. Il faut ici rappeler que l’Esprit n’a pas été donné qu’aux seuls apôtre, mais à 120 hommes et femmes, dont les frères de Jésus
• Les discours de ces premiers témoins sont entendus dans des langages multiples. Une fois que l’on est passé du négatif au positif, il nous faut, il VOUS faut trouver les mots pour le dire, pour dire vos convictions, et non simplement répéter les nôtres. Il vous faut chercher, chercher et chercher encore. « Examinez tout et retenez ce qui est bon » nous dit l’épître aux Thessaloniciens, tout en sachant que vous n’aurez jamais la réponse définitive. La Science est un savoir et la foi une recherche. Vous n’avez évidemment pas à croire que le monde a été créé en 6 jours ou que M. Adam a rencontré Mlle Ève sortie de sa côte, mais vous avez à chercher au travers des textes, les symboles qui donnent du sens à votre vie : Que signifie pour vous l’énergie créatrice de Dieu dans votre vie ? Comment passer du chaos dans votre vie à une création harmonieuse de votre existence ?

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Vous êtes comme celles et ceux qui à Jérusalem ont reçu l’esprit saint. Je voudrais en tirer trois idées pour nous aujourd’hui

1. Nous sommes chacun-e parabole de l’église :

• Un seul esprit, mais donné à chacun car chacun doit devenir interprète, chercheur, et se poser des questions.
• En même temps, nous sommes tous rassemblés, dans la diversité de nos origines et de nos parcours.
• Ensemble et chacun-e, nous passons de la peur à l’audace, du disciple qui écoute à l’apôtre qui proclame. Nous sommes appelés à devenir les voix de l’Église !
• Nous avons le souci de nous adapter pour être compris. Nous sommes interprètes et traducteurs, chacun « dans sa langue maternelle ».

 

2. La foi est un « je », l’Église est un « nous » :

Pour nous la foi est d’abord une question, une recherche personnelle, mais c’est aussi un « nous ». L’Église (ekklèsia) est un « appel » à former ensemble une communauté, au-delà même de nous-même de notre groupe d’intimes. Là encore, c’est un message pour notre monde qui survalorise l’ego. Nous avons tant de mal à vivre réellement la fraternité : on choisit ses amis, mais on ne choisit pas ses frères et sœurs. Même (et peut-être surtout !) s’ils vous agacent, ils demeurent vos frères et sœurs en humanité. Plusieurs d’entre vous, et même beaucoup me parlent de l’église comme un lieu et un temps de l’apaisement.

 

3. Nous sommes Parabole de l’universel humain :

Nous sommes comme celles et ceux qui ont entendu les paroles des apôtres : nous sommes venus d’horizons différents, de pays, de milieux… mais nous voici !

La foi est donc un parcours, pas un catalogue de certitudes… Nous refusons le dogmatisme, qui sclérose la foi et la liberté de l’intelligence humaine. La Confirmation, que nous allons vivre dans quelques instants, est comme une photographie solennelle d’un moment du parcours d’une vie. D’une certaine façon, nous (re)faisons tous aujourd’hui notre propre confirmation : où en sommes-nous dans notre foi ? Comment, en quelques mots, quelques phrases, pourrions-nous témoigner de notre foi ?

Comme les hommes et les femmes de Jérusalem, nous sommes ensemble et chacun, la main dans la main.

 

Actes 2, 1-13

₁Quand le jour de la Pentecôte arriva, les croyants étaient réunis tous ensemble au même endroit. ₂Tout à coup, un bruit vint du ciel, comme un violent coup de vent, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. ₃Ils virent apparaître des langues pareilles à des flammes de feu ; elles se séparèrent et se posèrent une à une sur chacun d’eux. ₄Ils furent tous remplis de l’Esprit saint et ils se mirent à parler en d’autres langues, selon ce que l’Esprit leur donnait d’exprimer.

₅À Jérusalem vivaient des Juifs qui honoraient Dieu, venus de tous les pays du monde. ₆Quand ce bruit se fit entendre, ils s’assemblèrent en foule. Ils étaient tous profondément surpris, car chacun d’eux entendait les croyants parler dans sa propre langue. ₇Ils étaient remplis de stupeur et d’admiration, et disaient : « Ces gens qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ? ₈Comment se fait-il que chacun de nous les entende parler dans sa langue maternelle ? ₉Parmi nous, il y en a qui viennent du pays des Parthes, de Médie et d’Élam. Il y a des habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et de la province d’Asie ; ₁₀certains sont de Phrygie et de Pamphylie, d’Égypte et de la région de Cyrène, en Libye ; d’autres sont venus de Rome, ₁₁de Crète et d’Arabie ; certains sont nés Juifs, et d’autres se sont convertis à la religion juive. Et pourtant nous les entendons parler dans nos diverses langues des grandes œuvres de Dieu ! » ₁₂Ils étaient tous remplis de stupeur et ne savaient plus que penser ; ils se demandaient les uns aux autres : « Qu’est-ce que cela signifie ? » ₁₃Mais d’autres se moquaient en disant : « Ils sont complètement ivres ! »

Jean-Marie de Bourqueney

 

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Vidéo « Prédication en 3 min »  sur YouTube : https://youtu.be/YEAzKsAH3Q4