Prédication « L’Estive » 1 : la nature, entre animalité humaine et âme humaine

par Jean-Marie de Bourqueney

Estive 1 : la nature

« Estives » 2025 : la nature, un besoin spirituel !

Cet été, nous vous proposons, à la place des habituelles prédications du dimanche, des méditations bibliques, sous la forme d’une « estive biblique », comme un troupeau qui sort de l’étable pour rejoindre les « verts pâturages » (Psaume 23). Il s’agit de prendre le temps de se décaler et, pour cette année, de réfléchir à notre rapport à la nature et à nous-mêmes, comme une occasion spirituelle.  

 

Étape 1 : la nature, entre animalité humaine et âme humaine

Pour cette première étape de l’estive, nous remontons aux sources même de notre rapport à la nature, tel que le décrit le premier récit de Création dans le livre de la Genèse.

 

Genèse 1, 20-23 ; 2, 1-3

Dieu dit encore : « Que les eaux grouillent d’une foule d’êtres vivants, et que les oiseaux s’envolent dans les cieux au-dessus de la terre ! » Dieu créa les grands monstres marins et toutes les espèces d’animaux qui se faufilent et grouillent dans l’eau, de même que toutes les espèces d’oiseaux. Et Dieu vit que c’était une bonne chose. Dieu les bénit en disant : « Que tout ce qui vit dans l’eau soit fécond, devienne nombreux et peuple les mers ; et que les oiseaux deviennent nombreux sur la terre ! » Le soir vint, puis le matin ; ce fut la cinquième journée.

(…)

Ainsi furent achevés les cieux, la terre et tout ce qu’ils contiennent. Dieu, après avoir achevé son œuvre, se reposa le septième jour de tout le travail accompli. Il fit de ce septième jour un jour béni, un jour mis à part, car il s’y reposa de tout son travail de créateur.

 

Le lien fondateur à la nature

Quel que soit notre mode de vacances, à domicile, au bord de la mer, à la campagne ou à la montagne, ou même à l’autre bout du monde, notre rapport à la nature se modifie durant l’été. Même le rapport à notre corps se modifie puisque, en fonction des lieux et des choix, nous le dévoilons plus ou moins, au point d’être même gêné de l’éventualité de rencontrer des collègues sur des lieux de villégiature. Mais pourquoi avons-nous à ce point ce besoin de changement, et notamment ce besoin de nature ? Notre civilisation s’est urbanisée de manière massive. Certes, nous avons tous de racines rurales, mais celles-ci s’estompent au fil des générations.

Nous sommes des êtres humains mais aussi des animaux. Nous sommes aussi des êtres de loisir, car tous les mammifères jouent. C’est même leur point commun ! Cela comporte des rites qui régulent aussi les relations sociales d’un groupe animal. Voilà pourquoi, chaque année, nous retournons vers la nature et nous jouons.

Déjà dans le livre de la Genèse, en tout cas dans ce premier récit mythologique de la Création (sans doute mis en forme après l’Exil à la fin du VIe siècle av. J.-C.) notre relation est en quelque sorte inscrite dans le marbre avec le reste de la nature. Et ce lien est fondateur ; il est l’étoffe de la Création. Dans une société où cette nature s’éloigne de nous, la Bible vient nous rappeler notre interaction vitale avec elle. Cela pose bien sûr la question de l’écologie (comment préserver l’avenir de cette Création ?), mais aussi, plus basiquement, celle de notre animalité, de notre intégration à la nature.

Dans les mots qui reviennent souvent pour qualifier nos congés estivaux, les notions de « ressourcement » ou de « lâcher prise » reviennent souvent. Ces expressions sont bien le signe du besoin vital que nous avons de nous retrouver nous-mêmes. Nos vies, quels qu’en soient les rythmes, et quels que soient nos âges, sont toujours marquées par les horaires et les programmes. Nous avons alors besoin de revenir à la Création, de revenir au lien avec la terre, l’eau (nous y reviendrons) ou d’autres éléments de la nature. Nous avons envie de nous donner la sensation de vivre intensément. C’est aussi l’occasion de nous rappeler à nous-mêmes que nous appartenons à une Création, dont nous ne sommes pas les créateurs.

Relire les récits de Création, tout en vivant cette déconnexion estivale, c’est donc relire sa propre vie. Au fond, on pourrait définir la spiritualité, au sens large, et au-delà de nos notions religieuses, comme étant le fait de « descendre de son vélo pour se regarder pédaler », autrement dit de prendre ce temps, si souvent compté, pour réfléchir au sens de sa propres existences. Voilà pourquoi nos estives rituelles sont des moments privilégiés pour vivre ce temps spirituel, si indispensable à l’équilibre et au sens de nos vies.

Jean-Marie de Bourqueney

 

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Vidéo « Estive »  sur YouTube : https://youtu.be/6GCwDcdup_A

 

 

 

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