Estive 1 : la nature
« Estives » 2025 : la nature, un besoin spirituel !
Cet été, nous vous proposons, à la place des habituelles prédications du dimanche, des méditations bibliques, sous la forme d’une « estive biblique », comme un troupeau qui sort de l’étable pour rejoindre les « verts pâturages » (Psaume 23). Il s’agit de prendre le temps de se décaler et, pour cette année, de réfléchir à notre rapport à la nature et à nous-mêmes, comme une occasion spirituelle.
Étape 2 : la campagne, ou la redécouverte de notre enracinement
Pour cette deuxième étape de l’estive, nous vous proposons de réfléchir sur notre rapport à la campagne, qui nous attire par le sentiment qu’elle nous donne l’occasion de vivre autrement et de manière apaisée.
Psaume 23, 1-2
Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien.
Il me met au repos sur de verts pâturages, il me conduit au calme près de l’eau. (Nouvelle Français Courant)
Psaume 65, 10-14
Tu t’occupes de la terre, tu l’arroses en abondance, tu la combles de richesses.
Mon Dieu, ton ruisseau est plein d’eau, tu prépares le blé pour les êtres humains, tu mets la terre en état : tu irrigues ses sillons, tu aplanis ses mottes, tu la détrempes par la pluie, tu donnes aux graines la force de germer.
Tu achèves en beauté une année de bienfaits, sur ton passage l’abondance ruisselle.
Les pâturages de la campagne ruissellent de la même richesse, les collines se drapent de cris de joie.
Les prés portent un manteau de troupeaux, le fond des vallées se couvre de blés ; leurs acclamations et leurs chants retentissent.
Les références à la campagne et à la culture de la terre sont très nombreuses dans toute la Bible, des psaumes aux parabole de Jésus. Celles-ci, sans doute issues d’une tradition pharisienne qui a précédé les Évangiles, se nourrissent de ces symboles agricoles : la terre, la graine, la vigne, les plantes, les champs, la brebis… Dans la littérature « intertestamentaire », c’est-à-dire dans tous ces textes qui ont nourri le judaïsme de Jésus, l’herbe verte, souvent éphémère dans le climat des régions où furent pensés les textes bibliques, est même devenue le symbole du Royaume de Dieu, de l’idéal à vivre où l’harmonie parfaite est recréée. On retrouve en quelques sorte le jardin d’Éden, symbole de nos origines, de notre enracinement dans cette nature de la Création. On retrouve par exemple une allusion dans le récit de la multiplication des pains et des poissons où le texte précise que la foule s’assit « sur l’herbe verte », transformant symboliquement cet épisode en « moment de Royaume ».
S’il existe un point commun entre l’usage biblique de la campagne et notre vie contemporaine, c’est sans doute ce besoin de « revenir aux sources ». Nous avons tous des origines rurales, plus ou moins proches. Du coup, aller à la campagne c’est un peu faire un voyage dans nos racines profondes. À cela s’ajoute que nos vies, de plus en plus en plus citadines, effacent toute notion de racine. Nous entrons dans un moule collectif pour pouvoir vivre ensemble. Le modèle de vie s’impose à nous. Du coup, partir de la ville, c’est aussi respirer un vent de liberté. Mais il y a aussi une forme d’illusion à cela. Car, en même temps que les autoroutes de nos périphéries urbaines se remplissent chaque week-end pour nous permettre de trouver un peu de cette « herbe verte » du Royaume, la vie quotidienne de celles et ceux qui vivent la campagne au quotidien, toute l’année, est de plus en plus difficile. La campagne est en même temps territoire désiré et, trop souvent, territoire abandonné. C’est l’un des grands paradoxes de notre société qui, en même temps, nous fournit un rêve de nature retrouvée, et qui transforme cette nature en lieu difficile à vivre. L’agriculture en crise, les déserts médicaux, l’abandon des services publics, sont des réalités de notre temps.
Mais rien ne serait plus grave que l’on ne puisse plus sortir des sentiers battus de cette nature idéalisée en simple parc touristique. Rien ne serait plus grave non plus qu’on se laisse conduire dans un seul modèle de vie sans avoir ces espaces, ces respirations de la liberté. En cela la campagne peut être pour nous un nécessaire temps de méditation. Se ressentir être humain en dehors du béton, retrouver nos racines, et respirer cette Création, en toutes saisons…
Un théologien, Rudolf Bultmann, employait l’expression de « précompréhension ». La contemplation de la nature peut nous donner une intuition du divin. Que l’on aime la mer, la montagne ou la campagne, on peut en tout cas s’y sentir plus léger, et alors se mettre au bénéfice de la « Révélation » qui vient rencontrer notre intuition et nous permet d’aller plus loin…
Jean-Marie de Bourqueney
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Vidéo « Estive » sur YouTube : https://youtu.be/9r-APNl_Bl0