Parrain marraine mode demploi

Que veut dire « être parrain, marraine » ? 

 

1. Approche biblique

Nous n’avons que peu de traces bibliques sur la pratique du baptême parmi les premiers chrétiens. La conclusion de nos lectures nous montre que le baptême ressemblait plus à un acte spontané qu’à un rite préparé et ordonné.

Le fonctionnaire éthiopien qui voyage un bout de chemin avec le disciple Philippe pose la question: «Voici de l’eau. Qu’est-ce qui empêche que je reçoive le baptême ? » (Actes 8, 36). Et Philippe passe aussitôt au baptême. 

Pierre est envoyé vers Corneille, le païen romain, et découvre qu’il n’a pas à l’instruire mais que celui est déjà rempli de la foi.Ce qui amène Pierre au constat:   Actes 10, 47 « Quelqu’un pourrait-il empêcher de baptiser par l’eau ces gens qui, tout comme nous, ont reçu l’Esprit Saint ?» 48. Il donna l’ordre de les baptiser au nom de Jésus Christ, et ils lui demandèrent alors de rester encore quelques jours.

Le baptême est ici, à la fois un acte et un témoignage : Par le geste du baptême, le demandeur du baptême exprime sa volonté d’appartenir pleinement à la communauté des croyants ;  et ce malgré tous les défauts qu’il peut avoir (être eunuque Actes 8 ou être prosélyte Actes 10). La communauté, par un représentant (Philippe, Pierre), les accueille.

 

2. Au début du christianisme

Mais plus le christianisme va se développer, plus on va chercher des critères pour organiser la vie des communautés. C’est une question d’unité. Les chrétiens à Rome, en Grèce ou en Asie mineure doivent avoir le même fonctionnement pour être reconnus et ainsi appartenir à la même religion.

A cela s’ajoutèrent des vagues de persécutions, qui obligèrent les chrétiens, dans de nombreux endroits, à pratiquer leur foi discrètement voire clandestinement. La prudence appelait à avoir des garants de la foi du candidat au baptême. Il fallait s’assurer de l’honnêteté du candidat afin d’éviter l’infiltration d’espions. Le baptême devint le billet d’entrée dans la communauté ; une vérification qui permettait de participer aux rassemblements et aux rites des chrétiens. Encore aujourd’hui on voit quelques traces de cette coutume dans l’architecture des églises: Le baptistère se trouve souvent à l’entrée d’une église et à l’écart. Le nouveau chrétien ne pouvait accéder au chœur de l’église (et donc à l’eucharistie). Seul le chrétien baptisé le pouvait.

C’est dans ce contexte qu’il faut imaginer l’apparition des parrains. Ce sont des « chrétiens pratiquants » chargés de la surveillance de l’apprentissage des convictions chrétiennes, de la transmission et de l’enseignement dans le but d’assurer l’unité. Ils sont également garants de la sécurité ; de véritables « videurs » postés dans les lieux chrétiens ! Ils assuraient l’ordre et la sécurité des frères et sœurs dans la foi.

 

3. La réalité de nos jours

Bien évidemment nous sommes aujourd’hui bien loin de ces pratiques. Baptisés ou non nous pouvons pratiquer à tout âge et participer à la vie de l’église.

Dans le baptême nous faisons place à un tiers : La dimension de Dieu, de la foi, de la vie communautaire. La cellule enfant-parents / famille s’ouvre vers la dimension de la famille des croyants. C’est probablement, ici, le rôle principal des parrains, marraines aujourd’hui: Ils représentent cette dimension tiers. Ils sont mis à côté de l’enfant en plus des parents et se tiennent à disposition  pour être à l’écoute et accompagner l’enfant dans sa foi.

Commençons par regarder ce que dit la liturgie du baptême. Bien que les mots peuvent être adaptés, on leur demande à s’engager envers le baptisé pour le soutenir et l’accompagner dans sa démarche spirituelle. Les parrains et marraines sont donc partenaires, des accompagnants et des « miroirs » dans la foi. L’église protestante unie de France ne fait pas de différence entre un parrain ou marraine d’une autre confession chrétienne ou même d’une autre croyance. La tâche reste la même : Faire en sorte à ce que le baptisé puisse pratiquer sa foi chrétienne. Le parrain ou la marraine sont des partenaires pour discuter , débattre et découvrir des thèmes de la foi.

Prenons l’exemple d’un parrain d’une autre confession chrétienne. Son rôle n’est pas de convaincre le baptisé que sa confession est la meilleure ; par contre il peut rendre témoignage de ses propres convictions, les faire découvrir à l’enfant  et ainsi dialoguer et l’aider à se faire une idée de la diversité du christianisme.

Prenons l’exemple d’une marraine d’une autre religion (bouddhisme, judaïsme, …). Là encore il n’est pas question d’une compétition pour prouver qui a la meilleure religion. La marraine s’engage à accompagner le baptisé dans sa démarche de chrétien. Le dialogue sur sa propre foi peut toucher des thèmes tels que  : « Comment prier ? » « Où est Dieu dans ma vie quotidienne? » « Comment ma foi inspire mes actes ? »  etc.   et ainsi aider à cheminer ensemble.

 

4. Alerte aux malentendus

J’observe dans ma pratique de pasteur quelques attentes (souvent de la part des parents) qui peuvent mettre en difficulté la relation entre parents et parrains et marraines. Cette attente, à mon sens, est surdimensionnée ; que les parrains et marraines ne sont pas des parents « bis », des substituts.

Ainsi pour éviter tout malentendu il est important que le choix du parrain ou de la marraine n’ait aucune conséquence juridique. En cas de difficulté (maladie, décès), ils ne sont pas automatiquement autorisés à prendre en charge la garde des enfants. Si tel est le souhait des parents alors ils doivent en parler ensemble et un accord juridique.

Par ailleurs les parrains, marraines ne sont pas baby-sitter de service. Bien sûr il est souhaitable que l’enfant puisse  entretenir des bonnes relations avec les parrains, marraines. Mais le parrainage ne  souscrit pas de « garde alternée ». Garder le lien se peut aussi faire par une carte le jour de l’anniversaire du baptême ou à l’invitation à aller au culte/ messe  ensemble.

Aussi, nos vies peuvent évoluer. Le parrain, la marraine, qui était un voisin ou une bonne amie à une époque, peut s’éloigner pour multiples raisons des années plus tard. Il ne faut pas lui en vouloir, même si cela est source de déception. Toutefois le défi de tous les partenaires: enfant, parents et parrains est de voir ce qu’on peut faire pour garder un bon contact.

Enfin, il est devenu coutume de choisir un homme et une femme comme parrain et marraine. Mais c’est une coutume, pas une règle. Votre choix peut porter autant sur un homme que sur une femme ; c’est votre choix. Mieux vaut être à l’aise avec deux ou trois femmes que de chercher à tout prix le binôme qui ne se présente pas.

 

Christina Weinhold , pasteure

 

Marly-le-Roi, décembre 2017

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